Patrice, 69 ans, refait sa vie en Espagne après un divorce difficile : "Je voulais quelque chose de bien pour ma fin de vie"

Photo d'illustration.
Photo d'illustration. © JOSE JORDAN / AFP
  • Copié
Guilhem Dedoyard , modifié à
Patrice, ingénieur à la retraite, s'est expatrié en Espagne après un divorce difficile. Venu en Espagne pour de mauvaises raisons, il a eu du mal à trouver des repères. A 69 ans, et après un passage à vide, il cherche à trouver une femme pour partager sa vie, comme il le raconte à Olivier Delacroix.

Patrice est né et a grandi en Normandie, entre Rouen et Le Havre. Après le décès prématuré de son père il commence à travailler et suit des cours du soir pour devenir ingénieur. Alors que son mariage bat de l'aile, il a une aventure et sa femme demande le divorce. Commence alors une procédure longue et complexe qui va beaucoup coûter à Patrice. Après son divorce, il part en Espagne pour retrouver une femme qui ne s'avère pas fiable. Esseulé dans un pays qu'il ne connaît pas, il vit des années difficiles dont il est désormais sorti. Il ne lui manque plus qu'une compagne pour partager son paradis espagnol. 

"Je suis né en 1950, dans une famille de quatre enfants. Mon père est décédé à 37 ans, nous nous sommes donc retrouvés seuls avec notre maman qui travaillait. Moi je m'occupais de mes sœurs. Ce n'était pas la richesse mais nous n'étions pas malheureux. J'ai commencé à travailler à 17 ans, sans vraiment de formation. J'ai suivi des cours du soir pendant que je travaillais et, à 30 ans, j'étais ingénieur dans le domaine pétrolier. 

 

J'ai acheté une chaumière, que j'ai retapée de A à Z, j'ai une passion pour les automobiles anciennes, donc j'en réparais, tout allait bien. Je voyageais beaucoup, pour mon travail, et mon épouse a craqué, elle s'est mise à boire. J'ai des torts, mais je ne pouvais pas faire autrement. A la cinquantaine, on ne s'entendait plus trop, on vivait dans la même maison, mais sans trop de complicité. J'ai finalement fait une entorse au contrat de mariage et j'ai fait une connaissance. Ce n'était pas une histoire très importante, mais ma fille l'a su, l'a dit à ma femme et elle a demandé le divorce.

Entendu sur europe1 :
J'ai entendu ma femme et son avocate dire : 'On va le foutre par terre, il va finir sous les ponts'

Ma fille avait une trentaine d'années, elle habite à Rouen. C'est elle qui est allée voir un avocat, moi j'avais pris un très mauvais avocat. Je me suis retrouvé devant le juge des affaires familiales et il a décidé que ma femme gardait la maison et que je devais partir.

A 60 ans, je me suis retrouvé à la porte avec une valise. J'ai souffert de ça, j'étais au bord du précipice, et je suis retourné chez ma mère et mon beau-père, qui habitaient à 10 kilomètres de là. Je suis repassé plusieurs fois en jugement avec ma femme, mais elle ne voulait plus divorcer. Donc c'est moi qui ai demandé le divorce et ça a duré six ans. Elle voulait le beurre et l'argent du beurre, elle avait fixé des conditions avec son avocate. Je les ai même entendus dire : 'On va le foutre par terre, il va finir sous les ponts', ça a failli être le cas.

Ma femme ne travaillant pas, l'état de la maison s'est très vite dégradé. Elle ne voulait pas vendre, elle disait que c'était sa maison. Finalement il y a eu un jugement : séparation de corps et de biens, elle restait dans la maison et je payais une grosse pension alimentaire. Elle a redemandé une pension alimentaire encore plus forte, en se basant sur mon salaire. Donc, sur les conseils de mon avocat, j'ai pris ma retraite, ce qui a diminué mes revenus.

J'ai fini par accepter ses conditions et sa demande d'allocation compensatoire et donc la maison ne m'appartenait plus. J'ai appris il y a quelque temps qu'elle l'a vendue. J'ai aussi été obligé de vendre mes biens, notamment mes voitures de collection. Je me suis retrouvé avec beaucoup moins que ce que j'avais comme patrimoine. Après la séparation de corps et de biens, j'ai repris un travail comme ingénieur conseil et j'ai mis de l'argent de côté. Mon ex-épouse n'était pas au courant. 

Entendu sur europe1 :
L'exotisme au départ c'est tentant mais en réalité c'est un cap difficile à passer

En février 2016, je suis venu en Espagne car les prix de l'immobilier sont bien plus faibles et que je voulais quelque chose de bien pour ma fin de vie. Je ne suis pas venu tout seul, j'avais rencontré une franco-espagnole lorsque je travaillais et que je connaissais depuis deux ans. Elle venait en France une semaine tous les trois mois. L'exotisme au départ c'est tentant mais, en réalité, c'est un cap un peu difficile à passer, ça reste une expatriation à 1.500 kilomètres de mes origines. C'est un changement climatique important.

Lorsqu'on est étranger, tant qu'on vient en vacances ça va, mais pour y vivre c'est difficile de s'intégrer, de se faire des connaissances. Ils regardent si vous avez de l'argent. Je suis à 30 kilomètres de Valence, dans la montagne. J'ai une jolie villa, pour laquelle j'ai eu le coup de cœur. J'ai une piscine, la mer à 30 kilomètres, et des vergers autour. J'ai un petit paradis. Je suis à six kilomètres du village, mais il y a des habitations, des 'urbanizaciónes'. Je me suis fait des connaissances, des amis et je me suis mis à l'espagnol aussi.

Entendu sur europe1 :
Il ne me manque qu'une compagne pour partager ma vie au soleil

Le seul problème c'est que la franco-espagnole avec qui je suis venu m'a joué des tours. Elle ne voulait pas trop que je vienne. Il s'est avéré que c'était une prostituée. Au bout de trois mois elle est partie, elle m'a volé et je me suis retrouvé seul, comme un idiot. Je ne parlais pas espagnol, à part quelques mots. C’était très dur, j'ai vécu une mauvaise période, parce que je m'étais exilé pour elle et pour l'exotisme.

J'ai eu deux années très difficiles, mais j'ai fini par retrouver mon énergie, je suis quelqu'un qui a la pêche. Je fais du canoë, la mer n'est pas loin, la vie est intéressante et pas chère ici. Ça fait six mois que je retape la maison, j'ai des mains en or paraît-il. 

Je n'ai pas refait ma vie depuis cette histoire avec cette franco-espagnole. Je me suis inscrit sur des sites de rencontres, j'ai rencontré des femmes espagnoles, mais ça n'allait pas très fort et puis il y a la barrière de la langue. J'ai beau prendre des cours je ne maîtrise pas complètement la langue.

Aujourd'hui, il ne me manque qu'une compagne pour partager ma vie au soleil. Mais l'éloignement c'est compliqué. Une femme française qui me rejoindrait ici, il faudrait qu'elle soit libre, même d'un point de vue familial. J'ai des amies femmes ici qui sont mariées et qui me disent que je suis un 'trésor' et un 'homme charmant'. Je suis prêt à remonter en France pour rencontrer quelqu'un, faire connaissance, mais il faut que ça soit sérieux."