De nombreux policiers font part de leurs ras-le-bol face aux critiques visant leur profession. 1:40
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Damien Mestre, édité par Antoine Terrel , modifié à
Alors qu'une fonctionnaire de police a été tuée vendredi lors de l'attaque au commissariat de Rambouillet, plusieurs gardiens de la paix confient à Europe 1 leur lassitude face aux menaces auxquelles doivent faire face les policiers, ainsi que face aux critiques visant régulièrement la profession. 
TÉMOIGNAGE

Deux jours après le drame, l'émotion reste forte en France, et tout particulièrement au sein de la police. L'attaque au commissariat de Rambouillet, au cours de laquelle une fonctionnaire de police de 49 ans a été tuée de deux coups de couteau, laisse des traces dans une profession déjà très marquée. Car pour beaucoup de fonctionnaires, cette attaque n'est qu'un symptôme de plus d'un climat de contestation visant la profession. Rencontrés par Europe 1, trois gardiens de la paix de région parisienne font part de leur lassitude, voire de leur inquiétude pour l'avenir. 

"On est habitué à perdre des collègues"

Après le service, entre les trois collègues réunis autour d'un verre, ce sont les mêmes conversations qui reviennent sans cesse. "C'est violent... C'est violent parce qu'on a une femme policière de 49 ans qui meurt... On en prend plein la gueule en ce moment", confie l'un d'eux. Karim, 20 ans de police au compteur, estime lui que l'attaque de Rambouillet n'est que le symptôme de ce qu'il vit au quotidien. "J'ai vu une évolution qui est plus une régression au niveau du respect de cette institution. On est arrivé à un stade où on est malheureusement habitué à perdre des collègues", témoigne-t-il. 

En face de lui, Maxime acquiesce. Le plus jeune du groupe, la trentaine à peine, est peut-être aussi le plus déçu par ce métier, évoquant "une grosse désillusion". "Dans l'état dans lequel est la police, très malade, je ne me vois pas continuer, je vais me rendre fou", poursuit-il. "Je suis passionné par ce métier, mais je le prends tellement à cœur que quand je rentre à la maison, je ne suis pas bien".

"J'ai peur que ça pète"

Ces policiers jugent la justice trop laxiste, et ne supportent plus les accusations de violences policières. Ils ont aussi l'impression d'être des cibles permanentes que personne ne défend, même pas leurs propres syndicats. "J'ai très peur parce qu'on est tous sur les réseaux sociaux, et je lis des choses que je n'aurais pas lu il y a quelques années", s'inquiète le premier policier interrogé. "On est vraiment à bout, et j'ai peur que ça pète".

La semaine dernière, Emmanuel Macron a rappelé son engagement de 10.000 policiers en plus avant la fin du quinquennat. Mais cette annonce peine à convaincre les policiers rencontrés par Europe 1, qui avouent ne plus vraiment écouter les hommes politiques.