Police Marseille cité 1:56
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Stéphane Burgatt , modifié à
Emmanuel Macron est en déplacement à Marseille pour trois jours, une ville au prise avec les trafics de drogue et les règlements de compte qui ont endeuillé l'été. A l'entrée de certains quartiers défavorisés, des checkpoints ont même été mis en place par des dealers, qui régulent la vie de tous les habitants. 

Emmanuel Macron au chevet de la cité phocéenne. Le président de la République est à Marseille pour trois jours pour annoncer son plan pour la ville "Marseille en grand". La deuxième ville de France souffre depuis des années de retard accumulés en matière de logement, d'équipements scolaires et de transport. Autre point qui devrait être largement abordé : la sécurité. D'autant plus que l'été a été marqué par les assassinats liés au trafic de drogue dans les quartiers défavorisés de la ville. Un business illégal qui impacte la vie des habitants. Ils doivent parfois se soumettre à des checkpoints tenus par les dealers, à l'entrée des quartiers.

Les entrées et les sorties se font sous contrôles, encadrées par des barrières et des herses artisanales. Ces réseaux sont très organisés : les tarifs sont même affichés à l'entrée des résidences. Quentin vit dans une cité du 3e arrondissement, au cœur de la ville, un des arrondissements les plus pauvres d'Europe. Il déplore la surenchère des dealers pour protéger leurs activités. "Il y a des guetteurs en permanence, qui regardent qui entre et sort. C'est une frontière, un pays dans un pays", dénonce-t-il.

"Ce sont des cris, des courses dans la cité dès que des fourgons de CRS passent… C'est une ambiance très pesante", ajoute le riverain. "On a l'impression qu'on vit sous contrôle, pas sous le contrôle de l'Etat mais sous celui des dealers. Pour moi c'est une zone de non-droit." 

156 points de vente

Ce commerce illégal rapporte gros : jusqu'à 60.000 euros de chiffre d'affaires par jour. Une somme qui suscite toutes les convoitises et peut faire basculer des adolescents sans solutions. Les habitants se sentent piégés. "Une fois le GIGN est venu, ça part loin ici : on a peur des balles perdues, on a peur pour nos enfants", confie Salia, qui craint les "recrutements" par les dealers. "Nous on éduque nos enfants avec nos valeurs, mais après il y en a beaucoup qui tournent vite."

Les forces de l'ordre ont recensé cette année 156 points de vente en activité dans toute la ville. Un chiffre qui ne tient pas compte de l'ubérisation du trafic avec le développement insondable des livraisons à domicile depuis un an et demi.