"On a l'impression d’être laissés à l'abandon" : à Nantes, les professionnels de la nuit alertent contre l'insécurité

Barmans et agents de sécurité étaient rassemblés à Nantes pour demander une plus grande présence policière face à l'insécurité dans la ville. 1:41
  • Copié
François Coulon, édité par Ariel Guez
A six semaines des municipales, le thème de l'insécurité risque de rythmer la campagne à Nantes. Dans la cité des Ducs, la délinquance est telle que les barmans, les agents de sécurité et les autres professionnels du monde de la nuit ont organisé un rassemblement pour dénoncer cette situation qui les met en danger au quotidien. 
REPORTAGE

C'est une flambée qui est au cœur de la campagne des municipales à Nantes : celle de la délinquance. Les vols avec violence ont par exemple bondi de plus de 22% l'année dernière dans la cité des Ducs. L'insécurité atteint un niveau tel que trois salariés (deux barmans et un agent de sécurité) ont organisé fin janvier un rassemblement, où plus de 200 personnes se sont rendues pour dénoncer un "fléau incontrôlé".

"J'ai peur pour mes clients et pour mes enfants"

"On a des clients qui se font agresser, voler, frapper, qui se prennent des coups de cutter et des coups de couteau en sortant de l'établissement", dénonce Murielle, responsable d'une discothèque à Nantes. "On a des gens qui se promènent avec des armes à feu ! C'est le 'Bronx'. On atteint une situation dramatique", explique-t-elle. "J'ai peur pour mes clients et j'ai peur pour mes enfants".

Sa demande, comme celles de ses confrères, est simple : "plus de présence policière la nuit". A la préfecture, où une quinzaine d'entre eux ont été reçus après leur rassemblement, ils ont appris que les forces de l'ordre n'ont pas pu être très présentes depuis novembre à cause des manifestations contre la réforme des retraites...

Vers une mutualisation des agents de sécurité ? 

Pourtant, la situation est exécrable. "Tous les soirs, on a au moins un collègue qui se retrouve aux urgences", affirme Jean-Yves, patron de bar, qui a lui-même été agressé quatre fois. "C'est grave parce que maintenant, les clients sont en train de penser à s'armer et à aller faire leurs règlements de compte eux-mêmes, parce qu'ils n'en peuvent plus", prévient-il. "Quand on est menacé, personne ne vient... on a l'impression d’être laissés à l'abandon", regrette Jean-Yves. 

Ces professionnels de la nuit sont plus que jamais inquiets. Faute de renforts policiers, certains responsables d'établissements réfléchissent même à une mutualisation d'agents de sécurité pour pacifier les nuits nantaises.