Les députés ont consacré la notion de "patrimoine sensoriel" des campagnes. 1:34
  • Copié
Pierre Herbulot édité par Antoine Cuny-Le Callet
L'Assemblée nationale a voté jeudi une proposition de loi introduisant la notion de "patrimoine sensoriel" des campagnes dans le droit français. L'objectif est de limiter les plaintes contre les mairies à cause, par exemple, d'un clocher trop bruyant ou contre les agriculteurs à cause de l'odeur de leurs exploitations. Europe 1 s'est rendue dans le village de Broquiers, dans l'Oise.
REPORTAGE

Après plusieurs procès, très médiatisés ces derniers mois, les députés ont souhaité protéger ce qu'ils ont qualifié de "patrimoine sensoriel". Jeudi, ils ont voté une proposition de loi introduisant cette notion dans le code de l'environnement. Elle devrait limiter le nombre de plaintes contre les nuisances sonores et olfactives : odeurs de fumier, chants de coqs ou bruits de clochers.

Dans le petit village de Broquiers dans l'Oise, comptant quelque 200 habitants, la consécration du "patrimoine sensoriel" des campagnes est bienvenue. Aux deux entrées de la bourgade est affichée une pancartes avertissant les nouveaux arrivants : ici, des agriculteurs travaillent et des coqs chantent... même très tôt le matin. "C'est comme ça, qu'est-ce que vous voulez faire", s'exclame Gerard devant sa troupe de gallinacés.

"J'ai eu un âne et les voisins se plaignaient"

A midi, les cloches de l'église prennent le relais des volatiles et couvrent le passage d'un tracteur chargé de fumier, juste devant les fenêtres de Bastien. "J'ai pris la décision d'habiter à la campagne donc j'assume ce qui va avec la campagne". Il trouve par ailleurs absurde d'avoir besoin de légiférer sur ce sujet.

Yolaine Delettre, maire de Broquiers, se félicite quant à elle de cette nouvelle loi : "Le monde rural a ses bruits. Il faut les protéger parce que l'on a quand même beaucoup de gens qui portent plainte. J'ai eu un âne à une époque et les voisins se plaignaient. Enfin une personne…" Dans un éclat de rire, elle concède que ce "quelqu'un" était un citadin.

Malgré l'entrée du "patrimoine sensorielle" dans le code de l'environnement, le village gardera ses pancartes aux deux entrées afin de s'assurer que les visiteurs sont prévenus.