Adama Traoré 1:25
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Guillaume Biet, édité par
Quatre ans après la mort d'Adama Traoré, l'affaire est devenue une bataille entre les experts judiciaires qui écartent la responsabilité des gendarmes et les médecins choisis par la famille qui balayent leurs conclusions. Depuis quatre ans, dans ce dossier, il y a eu deux autopsies et quatre rapports d'experts désignés par la justice.

Les expertisent se suivent… et ne se ressemblent pas. Quatre ans après la mort d'Adama Traoré, cette affaire, érigée en symbole des violences policières, est devenue une bataille entre les experts judiciaires qui écartent la responsabilité des gendarmes et les médecins choisis par la famille qui balayent leurs conclusions. 

La dernière (contre) expertise en date a été faite à la demande de la famille. Et ce document, contrairement à celui qui le précède, met en cause les gendarmes. Ses conclusions sont catégoriques et sans nuance : pour le professeur de médecine qui le signe, Adama Traoré est mort à cause du plaquage ventral, sous-entendu exercé par les gendarmes qui l'ont arrêté. "Aucune autre cause du décès n'est identifiée", écrit le médecin.

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est décédé dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d'Oise, au terme d'une course-poursuite et après avoir échappé à une première interpellation un jour de canicule. Ni témoins, ni vidéos n'ont rendu compte de la scène, uniquement connue par le témoignage des trois gendarmes et les conclusions des médecins.

Deux autopsies et quatre rapports d'experts depuis la mort d'Adama Traoré

C'est la deuxième fois que la famille d'Adama Traoré fait réaliser une contre-expertise, qui va à chaque fois dans le même sens : celui défendu par ses proches, à l'encontre des autres expertises. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que depuis quatre ans, dans ce dossier, il y a eu deux autopsies (en 2016) et quatre rapports d'experts désignés par la justice. Onze médecins différents, légistes et spécialistes ont planché sur le sujet.

Aucun d'entre eux n'a jamais clairement établi qu'Adama Traoré était assurément mort écrasé sous le poids des gendarmes, comme sa famille en est convaincue. Le seul point sur lequel tous les médecins sont d'accord, y compris ceux désignés par ses proches, c'est que le jeune homme a succombé à une asphyxie. Mais à quoi est-elle due ? D'après la dizaine d'experts, ce serait à cause de multiples raisons médicales, alors que le médecin mandaté par la famille balaye les hypothèses de tous ses confrères.