Mediator : un procès qui s'annonce hors norme

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Pierre de Cossette, édité par A.H. , modifié à
Les laboratoires Servier sont renvoyés en correctionnelle dans l'affaire du Mediator. Si l'on ne connaît pas la date du procès, celui-ci s'annonce déjà comme quasi-inédit par son ampleur.

Une salle d'audience ne suffira pas. C'est une salle de spectacle qui serait nécessaire pour accueillir les 4.000 plaignants qui attendent, sept ans après la première plainte, que se tienne le procès du Mediator. Mardi, les juges d'instruction ont renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris les Laboratoires Servier et l'Agence du médicament, pour "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence". 

Le Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim, avait été prescrit pendant 30 ans à cinq millions de personnes en France, et serait responsable de plusieurs centaines de morts.

Un dossier extrêmement dense. Ce procès s'annonce donc exceptionnel par le volume des plaignants et l'ampleur du dossier. Même celui de la catastrophe de l'usine AZF à Toulouse en 2001 n'a pas atteint un tel niveau. À lui seul, le document qui acte la tenue du procès est épais de 650 pages. 

Un procès qui va durer. Ce procès sera aussi, forcément, très long, bien que tronqué en partie en l'absence de Jacques Servier, l'ancien patron du laboratoire décédé durant l'instruction, en 2014. Tout comme un certain nombre de victimes, qui n'ont pas tenu ces sept années. La date de l'audience n'est pas encore choisie, mais les débats pourraient ainsi s'étaler sur plusieurs mois. Il faut dire que les avocats, notamment ceux de Servier, ne se priveront pas d'engager une bataille de procédure en début d'audience : questions de constitutionnalité, recours sur l'ancienneté des faits dont on les accuse, etc.

Le laboratoire, qui annonce avoir versé 48 millions d'euros aux victimes, redoute surtout les exigences de l'Assurance maladie, à qui le Médiator a coûté 1 milliard d'euros. Interrogée sur Europe 1 mardi soir, la pneumologue Irène Franchon, à l'origine de la révélation du scandale, a dit espérer "un procès historique".