Marseille : des rescapés de l'effondrement mortel désespèrent d'être relogés

Les survivants de la rue d'Aubagne ont été relogés dans des chambres d'hôtel ou des "logements scandaleux".
Les survivants de la rue d'Aubagne ont été relogés dans des chambres d'hôtel ou des "logements scandaleux". © Nathalie Chevance / Europe 1
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avec AFP
Quatre foyers survivants de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne ont interpellé samedi les élus locaux pour dénoncer les conditions de relogement dans lesquelles ils se trouvent depuis deux mois. 

Près de deux mois après l'effondrement d'immeubles qui a fait huit morts dans le centre-ville de Marseille, des rescapés de la catastrophe désespèrent d'être relogés et dénoncent samedi la "gestion inhumaine" des pouvoirs publics. La voix nouée, Sophie Dorbeaux, qui habitait l'un des immeubles effondrés le 5 novembre rue d'Aubagne, a lu devant le centre municipal qui accueille les sinistrés une lettre ouverte des quatre foyers survivants sur les dix qui y vivaient.

"Absence de considération des pouvoirs publics". "Suite au choc traumatique d'avoir tout perdu (...), nous sommes à ce jour prisonniers dans des chambres d'hôtel depuis bientôt deux mois. (...) Cette situation nous est insupportable", écrivent ceux qui n'étaient pas chez eux lors de la catastrophe au maire LR Jean-Claude Gaudin, à la présidente LR de la métropole et du département Martine Vassal et au préfet Pierre Dartout. Deux d'entre eux vivent encore à l'hôtel, "dont l'un sans aucune possibilité de relogement" et deux ont été relogés, "dont l'un dans un appartement insalubre qui ne lui convient pas", déplore la lettre. Ils dénoncent les "administrations inadaptées, les interminables queues au centre (municipal qui accueille les sinistrés), l'absence de considération des pouvoirs publics", les "promesses non tenues et enfin le manque absolu de réponse à notre détresse". "C'est horrible comme vie, je craque", a expliqué Sophie Dorbeaux, qui vit désormais à l'hôtel. "La seule aide que l'on a eu depuis, c'est des tickets de bus, et les nuits d'hôtel", déplore cette étudiante de 25 ans.

Dans une chambre de 15 mètres carrés avec deux enfants. Pierre, autre survivant de l'immeuble, a signé un bail "pour un logement scandaleux", parce qu'il n'avait "plus le choix". "Heureusement que des gens m'offrent des meubles, sinon je ne pourrai pas emménager", explique ce vendeur, qui envisage enfin de reprendre le travail. Julie Bennacef, elle, habitait dans un immeuble voisin, abattu par les secouristes. Elle vit depuis dans une chambre de foyer "de 15 mètres carrés avec un clic-clac et deux enfants", des jumelles de deux ans, et explique n'avoir eu que des propositions de relogement excentrées, dans les quartiers Nord par exemple. "Il y a eu des morts, et ils s'en foutent, ils me disent 'vous avez un toit, faut pas vous plaindre'". Outre les rescapés, quelque 1.600 personnes ont été évacuées de 200 immeubles à travers la ville depuis le 5 octobre. La plupart sont hébergés en hôtel, le temps de vérifier l'état de leur bâtiment.