Macron répond à Le Clézio sur les migrants : "il faut se garder des faux bons sentiments"

"Il y a beaucoup de confusion chez les intellectuels", estime Emmanuel Macron (photo d'archives).
"Il y a beaucoup de confusion chez les intellectuels", estime Emmanuel Macron (photo d'archives). © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une tribune publiée dans l'Obs, le prix Nobel de littérature dit ne pas supporter le "tri" fait entre les migrants, dénonçant un "déni d'humanité". Le président de la République lui a répondu, jeudi. 

Emmanuel Macron a jugé jeudi à Rome qu'il fallait "se garder des faux bons sentiments", en réponse à des critiques d'intellectuels et d'associations sur la politique du gouvernement français vis à vis des migrants.

"Beaucoup de confusion chez les intellectuels". Une réponse, notamment, au prix Nobel de Littérature français Jean-Marie Gustave Le Clézio, qui dit dans une tribune publiée par l'Obs ne pas supporter "le tri" fait entre les migrants qui fuient leur pays pour des raisons politiques et ceux qui fuient la misère. "Il y a beaucoup de confusion chez les intellectuels", a indiqué le président de la République au cours d'une conférence de presse avec le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni, jeudi.

"J'ai été l'un d'eux jadis". "Comment peut-on faire le tri ? Comment distinguer ceux qui méritent l'accueil, pour des raisons politiques, et ceux qui n'en sont pas dignes ?", s'interroge Jean-Marie Gustave Le Clézio dans la tribune. "Est-il moins grave de mourir de faim, de détresse, d'abandon, que de mourir sous les coups d'un tyran ?", poursuit le prix Nobel qui rappelle avoir été lui-même un migrant. "J'ai été l'un d'eux jadis, quand ma mère nous a emmenés mon frère et moi traverser la France (...) pour fuir la guerre. Nous n'étions pas des demandeurs d'asile (...) Nous cherchions un endroit où survivre".

"Cela est dégueulasse". "Prenons garde à ne pas dresser autour de nous des frontières mentales encore plus injustes que les frontières politiques", insiste l'auteur de Désert. L'écrivain s'insurge contre la politique devenue "un monstre froid" qui agit en suivant "des lois et des instructions qui ne tiennent pas compte du sentiment humain". "S'il est avéré que pour faire déguerpir les migrants qui dorment sous une bâche par six degrés au-dessus de zéro les milices crèvent leurs tentes (...) S'il est avéré qu'on pourchasse les misérables comme s'ils étaient des chiens errants. Eh bien, cela est dégueulasse. Il n'y a pas d'autre mot", soutient le romancier.