chefs des chefs 1:30
  • Copié
Pierre Herbulot, édité par Pauline Rouquette
D'ordinaire connectés via le "téléphone bleu", qui leur permet de communiquer en secret sur les préférences et restrictions alimentaires des chefs d'État, les cuisiniers du "club des Chefs des Chefs" se retrouvent cette semaine à Paris. Europe 1 est allée à leur rencontre et a recueilli quelques anecdotes liées au palais des grands de ce monde. 
REPORTAGE

Il y a le téléphone rouge… Mais aussi le téléphone bleu. Il s'agit d'une ligne directe beaucoup moins importante, mais beaucoup plus sympathique : celle des cuisiniers des chefs d’État. Parmi ces cuisiniers, 26 appartiennent à un groupe, le "club des Chefs des Chefs", réunis la semaine du 12 juillet à Paris. Préférences et interdits alimentaires, cuisson favorite des viandes… Ils s’appellent régulièrement et se disent tout, ou presque. Europe 1 les a rencontrés.

"Pas de porc, pas de fruits de mer, pas de viande..."

C’est le petit secret des diners d’État : une ligne directe entre les "Chefs des Chefs" pour les lourdeurs du protocole. Aux fourneaux de la Maison blanche depuis 1997, Cristeta Comeford utilise le fameux téléphone bleu depuis maintenant 25 ans. "Toutes les informations peuvent aider, en termes de régime alimentaire, restrictions, préférences… Ça nous aide à préparer les repas les plus splendides possibles", explique-t-elle au micro d'Europe 1. 

Un moyen, aussi, d’éviter une crise diplomatique. Jill Corson est le chef cuisinier du Premier ministre israélien depuis cinq ans. Il passe son temps à rappeler à ses collègues les interdits alimentaires de l’État hébreu. "Pas de porc, pas de fruits de mer, pas de viande et de lait dans un même repas."

Une bonne communication pour éviter les fausses notes

Résultat : jamais de fausses notes. Comme quand l’ancien chef de l’Élysée, Guillaume Gomez, apprend par son homologue américaine que Donald Trump, en visite officielle à Paris, à une envie de ribs, des travers de porc caramélisés. "C'est comme ça que j'ai pu cuisiner du porc noir de Bigorre avec le haut de côte", explique-t-il à Europe 1. "Sur le menu, on n'a pas mis du ribs, on a mis 'porc noir de Bigorre rôti en deux façons', et le président américain a apprécié le déjeuner."

Cuisson de la viande, repas des semaines passées pour éviter les doublons... Tout se dit au téléphone bleu. Sauf une chose, le tabou absolu : le plat préféré des chefs d'État. Jacques Chirac en a fait l'amère expérience avec la tête de veau. Personne au monde n’en a mangé plus que lui.