«On a l'impression que l'État veut nous faire disparaître» : les agriculteurs bloquent le sud de Lyon ce lundi
Des agriculteurs de la Coordination rurale ont lancé une série de blocages à Lyon pour dénoncer la situation difficile de leur profession. Avec leurs tracteurs, ils veulent attirer l'attention des autorités sur les dangers qui pèsent sur leurs exploitations. Entre normes contraignantes et concurrence déloyale, les agriculteurs expriment leur détresse et leur colère.
Les Bonnets jaunes de la Coordination rurale ont commencé leur mobilisation ce lundi matin dans la périphérie de Lyon. Leurs actions ont commencé à la jonction entre l'A450 et la M7, au niveau de Pierre-Bénite, au sud de la ville. Une trentaine de tracteurs ont formé un point de blocage stratégique, perturbant la circulation en cette journée de reprise après les fêtes.
"Le but est de montrer qu'on est là et qu'on a envie de rester en vie"
Les tracteurs, venus principalement des Monts du Lyonnais et de la Loire, ont afflué pour créer des bouchons monstres. Les manifestants sont déterminés à faire entendre leur message, et la pression sur la circulation a été particulièrement forte.
>> LIRE AUSSI - «Nous attendons vraiment des réponses» : des agriculteurs de la Coordination rurale en route pour manifester à Paris
Les agriculteurs présents sur place ne cachent pas leur frustration. Bruno Ferret, arboriculteur, a pris la parole pour exprimer sa profonde inquiétude. "Le but de l'opération, c'est de maintenir la pression, de montrer qu'on est là et qu'on a envie de rester en vie. Aujourd'hui, on a l'impression que l'État veut nous faire disparaître", a-t-il déclaré, soulignant la situation précaire de l’arboriculture en France. Il pointe du doigt la concurrence déloyale des produits étrangers, ainsi que la surtransposition des normes françaises, qui pèse lourdement sur les exploitations locales.
Selon lui, son secteur est menacé de disparition dans un an si la situation reste inchangée. "À titre personnel, j'ai un an de vision devant moi, après, je ferme les portes. On n'a plus d'anti-pucerons en France et on souffre d'une concurrence complètement déloyale par rapport aux autres pays", déplore-t-il.
"Il y a des exploitations qui ferment et des agriculteurs qui se suicident"
Marc Dupire, représentant de la Coordination rurale, a, lui aussi, exprimé l’urgence de la situation. Il a alerté sur les conséquences dramatiques que la crise a pour de nombreux agriculteurs : "Il y a vraiment urgence. Il y a des exploitations qui ferment et des agriculteurs qui se suicident", a-t-il souligné, demandant une prise de conscience immédiate de la part du gouvernement. Il appelle à des mesures concrètes pour soutenir les exploitations en difficulté.
Les manifestants dénoncent également l'accord commercial sur le Mercosur, qui, selon eux, favorise une concurrence déloyale en permettant l'entrée sur le marché français de produits agricoles à moindre coût, souvent produits dans des conditions moins strictes.
Le blocage des routes devrait durer une grande partie de la journée et les tracteurs pourraient se déplacer vers d'autres points stratégiques.