Lilian Thuram juge "bizarre" les "hiérarchies" dans les émotions entre l'incendie de Notre-Dame et les migrants

Lilian Thuram crédit : PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP - 1280
À l'occasion d'une rencontre autour du racisme, Lilian Thuram a jugé "bizarre" jeudi les "hiérarchies qui s'installent dans l'émotion". © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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avec AFP
L'ancien joueur de foot Lilian Thuram a jugé "bizarre" jeudi les "hiérarchies qui s'installent dans l'émotion" entre celle suscité par l'incendie de Notre-Dame de Paris et celle concernant le sort des migrants en Méditerranée.

L'ancien international de foot français Lilian Thuram, en Corse pour parler racisme avec des élèves, a jugé "bizarre" jeudi les "hiérarchies" existant entre l'émotion suscitée par l'incendie de la cathédrale Notre-Dame et celle concernant les migrants "qui meurent" en Méditerranée.

Lors d'un point-presse organisé à l'issue de rencontres avec des collégiens et lycéens à Sartène, Propriano et Ajaccio mardi, mercredi et jeudi pour lutter contre les préjugés et stéréotypes, Lilian Thuram s'est dit "interpellé" par la vague immense de solidarité suscitée par l'incendie de Notre-Dame de Paris.

Une hiérarchie de l'émotion entre le sort des migrants et l'incendie de Notre-Dame

"Nous sommes des êtres d'émotion, c'est normal que nous soyons touchés. Moi, je suis Parisien, donc c'est normal qu'effectivement, devant une catastrophe comme ça, vous soyez touché, ému. Mais on a l'impression que, parfois, il y a des hiérarchies qui s'installent dans l'émotion". "Il y a des gens qui meurent en voulant traverser la Méditerranée et en fait, le monde n'est pas ému comme ça", a-t-il noté.

"Il y a des gens qui veulent faire des murs pour qu'il y ait des personnes qui ne viennent pas, mais en fait, ils sont capables d'envoyer des tweets pour dire : 'est-ce que vous avez besoin d'aide pour éteindre le feu ?', comme l'a fait Donald Trump. C'est bizarre", a souligné l'ancien champion du monde, aujourd'hui très actif dans la lutte contre le racisme via sa fondation.

Thuram observe un "mépris énorme"

Aux élèves qu'il a rencontrés dans les différents établissements corses, il a d'abord demandé qu'ils lui racontent des blagues racistes afin de pouvoir les analyser ensemble. "J'ai été étonné que la plupart des blagues" racontées soient "sur les arabes", a-t-il indiqué. "Je trouve qu'il y a un mépris énorme. Je ne connais pas l'histoire corse, mais je pense qu'il faut questionner l'histoire corse pour comprendre", a-t-il ajouté, estimant qu'en général, "les gens n'ont pas conscience de la profondeur historique du racisme".

"On ne se rend pas compte comment, à travers les blagues, on banalise le racisme, on l'entretient comme si c'était quelque chose de normal", a-t-il également estimé. Appelant à ce que les élèves "s'interrogent, se questionnent" notamment sur les "injustices" et les "hiérarchies" construites entre les sexes, les couleurs de peau ou les religions, il a également livré sa recette du succès : "si vous voulez réussir, ce qui fait la différence très souvent, c'est la capacité à se concentrer".