Les sardines ont diminué de 3 à 4 centimètres depuis dix ans 1:31
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Romane Hocquet, édité par Lucie de Perthuis
L'Institut de recherche pour l'exploitation de la mer partage un triste constat : à cause du réchauffement climatique, les sardines ne mangent plus à leur faim dans les océans et perdent en taille au fil des années. Une nouvelle qui menace cette espèce très prisée par les Français, et fragilise l'ensemble de la chaîne alimentaire. 
ANALYSE

C'est une conséquence étonnante mais grave du réchauffement climatique : la taille des sardines diminue rapidement depuis dix ans. Depuis 2010, elles ont rétréci de trois à quatre centimètres, et leur poids a été divisé par trois. Leur durée de vie est aussi impactée par les changements climatiques : elles vivent un an en moyenne contre trois auparavant. La raison : elles ne mangent plus à leur faim. 

"C'est signe d'une très mauvaise santé du milieu ambiant" 

Le problème réside donc dans leur alimentation, dégradée par le réchauffement climatique. "Les sardines se nourrissent de planctons", explique Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer. "Or, avec le réchauffement climatique, le plancton est plus abondant mais plus petit, donc moins nourrissant qu'auparavant", explique la spécialiste. "Il est très alarmant de voir l'état de ces poissons aussi fragilisé. C'est un signe d'une très mauvaise santé du milieu ambiant. Cela doit nous alarmer de la catastrophe qui se déroule dans les océans à cause du réchauffement climatique", alerte Sabine Roux de Bézieux. 

Les sardines pêchées sont donc moins corpulentes, ce qui impacte l'activité de pêche. En Méditerranée, les bateaux n'en capturent plus qu'une tonne par an, contre 15.000 en 2008. Les prises, trop maigres, trop fragiles, n'intéressent pas les conserveries. Une situation qui inquiète les centaines de pêcheurs qui vivent de ces petits poissons bleus, une des espèces les plus vendues en France. 

"Toute la chaîne alimentaire est impactée"

Clara Ulrich est spécialiste en halieutique à la direction scientifique de l'IFREMER. Elle explique que la sardine n'est pas la seule victime du changement climatique. "C'est un phénomène observé sur les sardines et d'autres espèces. Il y a plusieurs hypothèses, cela peut être lié à la surpêche, mais pour les sardines et les anchois du golfe de Gascogne et du Lion, on privilégie surtout les facteurs écologiques, donc liés à l'augmentation de la température et à la diminution de la quantité de nourriture disponible, de la chlorophylle et du plancton disponible", précise la spécialiste. 

Elle ajoute que toute la chaîne alimentaire est impactée : "Une sardine plus petite aura moins de gras, de qualités nutritionnelles, donc toute la chaîne alimentaire est impactée".