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Pauline Jacot et Benjamin Peter, édité par Romain David , modifié à
Si certaines agglomérations ont multiplié par quatre en une décennie les kilomètres de pistes cyclables, la France périurbaine et rurale reste très mal aménagées en la matière.
ENQUÊTE

Que vous restiez chez vous ou que vous partiez cet été, il y aura sans doute un moment où vous aller faire du vélo. Les pistes cyclables en France se multiplient un peu partout, surtout dans les grandes villes, telles que Paris, Strasbourg, Nantes, Bordeaux où les kilomètres de pistes cyclables ont été au multipliés par quatre en agglomération depuis 10 ans. La barre des 1.000 km devrait être franchie l'année prochaine à Paris, la ville a investi 150 millions d'euros sur cinq ans, Bordeaux 70 millions, Nantes 50 millions, et cette semaine Toulouse a annoncé vouloir rattraper son retard en débloquant 250 millions d'euros dans les années à venir.

Des riverains qui font bouger les politiques publiques

En 2008, il n’y avait pas un seul tronçon de piste cyclable à Marseillan, dans les environs de Montpellier. Depuis, la ville s’est équipée d’une vingtaine de kilomètres de voies réservées aux vélos, ce qui en fait la commune d’Occitanie la plus dynamique dans ce domaine. "Pour aller à la plage, la piste cyclable, tout le monde la prend !", s’enthousiasme un riverain. Cette commune de 9.000 habitants a investi quatre millions d’euros. Ces pistes sont également une manière de développer l’axe avec la station balnéaire voisine, située à huit kilomètres, et ainsi de limiter les bouchons.

"Tout n’est pas maillé encore, parce qu’on le fait au fur et à mesure que l’on crée des voiries", explique Michael Gueylard, directeur général des services. "Les services techniques, avec le cabinet d’étude, ont instruction de prévoir ce passage concret pour qu’à chaque fois piétons et vélos soient intégrés dans la conception de la voirie". Et pour compléter cette offre, Marseillan vient de se doter de vélos électriques en libre-service.

De son côté, Montpellier tente de combler son retard. L’électrochoc a été une petite phrase du maire Philippe Saurel, qui expliquait en octobre dernier qu’il n’était pas idéal de créer une piste cyclable qui ne serait utilisée quotidiennement que par deux personnes. De là, est né le hashtag, #jesuisundesdeux pour pousser à créer davantage d’infrastructures. "Suite aux propos du maire, nous avons réuni plus de 1.500 vélos en dix jours", rapporte Nicolas Le Moigne de l’association Vélocité. "Il y a plein d’automobilistes qui voudraient faire du vélo, mais qui ne peuvent pas parce que le réseau n’est pas sécurisé, pas très bien entretenu et discontinu." La mairie a fini par présenter un plan vélo au mois de décembre, avec un investissement total de 95 millions d’euros sur dix ans.

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Des routes de campagne dangereuses pour les cyclistes

Pour certains trajets longs, les pistes cyclables fonctionnent également très bien, comme la Loire à vélo, par exemple, ou pour aller de Paris au Mont Saint-Michel. Mais à l'échelle de la France, il n'y a presque pas de piste cyclable en zones périurbaines et rurales. Sur ce point, la France est très en retard par rapport à ses voisins européens. "Il faut arrêter de ne faire des aménagements cyclables qu’en ville", s’agace auprès d’Europe 1 Olivier Schneider, le président de la fédération des usagers de la bicyclette. "Quand vous allez chercher votre pain à la campagne, parfois il n’y a qu’un ou deux kilomètres à faire, c’est une route à 70, 80 ou 90 kilomètres/heure, sans accotement et encore moins avec une piste cyclable. Tant que celui qui dessine l’aménagement n’est pas prêt à laisser sa fille de 12 ans ou sa mère de 70 ans rouler dessus, c’est que l’aménagement est perfectible !"

Cette peur d'utiliser la route a une conséquence désastreuse : 3% seulement des déplacements en France se font à vélo, contre 27 % aux Pays-Bas. Mais ce retard s’explique aussi du fait que construire des pistes cyclables ailleurs qu'en ville coûte cher. Il faut quelquefois traverser une voie ferrée, un cours d'eau, ou un rond-point. Un kilomètre de piste cyclable coûte en moyenne 100.000 euros, et dès qu'il y a des aménagements à faire, le chiffre peut facilement doubler.

Certaines communes hésitent donc à investir. Mais c'est aussi un serpent qui se mord la queue : sans piste cyclable, comment changer les habitudes de mobilités des Français, quand on sait que le vélo est une alternative crédible aux vieux diesels, par exemple, de plus en plus interdits ? En septembre dernier, le gouvernement a pourtant affiché un objectif particulièrement ambitieux : tripler le nombre de déplacements à vélo d'ici 2024.