Le tireur de Libé, "un homme violent, affabulateur, mégalomane"

Le procès d'Abdelhakim Dekhar doit se terminer vendredi.
Le procès d'Abdelhakim Dekhar doit se terminer vendredi. © Benoit PEYRUCQ / AFP
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avec AFP
Aux assises, un policier ayant participé à l'enquête a décrit lundi une personnalité bien différente de celle qu'a voulu montrer Abdelhakim Dekhar à son procès.

Abdelhakim Dekhar, jugé aux assises pour son périple armé en novembre 2013 à Paris au cours duquel il avait grièvement blessé un homme, a été présenté lundi par un policier comme une personne violente, affabulatrice et mégalomane.

"Un décalage" entre sa vie rêvée et sa vie réelle. Ce policier qui a participé à l'enquête a décrit "un décalage" chez Abdelhakim Dekhar "entre sa vie rêvée de Robin des Bois, et sa vie beaucoup plus médiocre, aux conséquences dramatiques". L'accusé avait démarré son parcours armé à BFMTV le 15 novembre 2013, où il avait menacé avec un fusil à pompe un rédacteur en chef. Trois jours après, il avait grièvement blessé par balle un assistant photographe au quotidien Libération. Il avait ensuite tiré sur l'immeuble de la Société générale dans le quartier d'affaires de la Défense. Sa traque avait duré cinq jours.

Le policier a décrit lundi matin une personnalité bien différente de celle qu'a voulu montrer Abdelhakim Dekhar, vendredi, au premier jour de son procès. Celui-ci s'était présenté comme un homme désespéré, après la mort de son frère, la séparation d'avec sa compagne et en conséquence, l'éloignement d'avec ses enfants : il voulait mettre en scène son suicide mais n'avait jamais voulu "s'en prendre à la personne humaine", affirmait-il.

Un homme "violent". L'enquêteur a parlé d'"un homme violent quand les choses ne vont pas dans son sens", qui avait "une relation conflictuelle avec une grande partie de sa famille". Quand il était jeune, il s'était montré "très violent avec son père et sa mère"; il avait mis "un coup de poing au visage" à sa sœur. En Angleterre, où il a vécu de la fin des années 90 à 2013, il a été condamné "pour avoir frappé et essayé d'étrangler sa compagne ainsi que la mère de celle-ci". Ses différents employeurs ont aussi décrit "une personnalité agressive".

Un "affabulateur (...) attaché qu'à lui-même". Sa famille le qualifie par ailleurs de "menteur pathologique", d'"affabulateur", a rapporté le policier. Le diplôme en philosophie qu'il affirme avoir obtenu ? Son rôle d'agent secret pour les services algériens et français ? "Encore une affabulation", "Je n'ai vu aucun élément dans ce sens", répond le policier. Abdelhakim Dekhar serait "mégalomane", "attaché qu'à lui-même". "Quand son frère est tombé gravement malade puis est décédé, à aucun moment il ne s'est inquiété", a-t-il encore dit.

C'est la deuxième fois qu'Abdelhakim Dekhar est jugé aux assises. Il avait été condamné en 1998 dans un dossier criminel majeur de l'époque lié aux milieux de l'ultragauche. Il était soupçonné d'être "le troisième homme" de l'équipée de deux membres de cette mouvance, Florence Rey et Audry Maupin : une fusillade au cours de laquelle trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin avaient été tués en 1994. Le procès doit se terminer vendredi.