Comment la police a mis la main sur Abdelhakim Dekhar

© Capture écran YouTube tirée de l'émission "Faites entrer l'accusé"
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Benjamin Harroch avec Alain Acco , modifié à
ENQUETE - C'est grâce au témoignage d'un de ses proches que le tireur solitaire a pu être interpellé. 

L'appel à témoins a porté ses fruits. Comme l'espérait la police, l'homme le plus recherché de France a été reconnu par l'un de ses proches. Il a été interpellé mercredi vers 19h dans un parking souterrain de Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, avant d'être placé en garde à vue médicalisée. Il s'appelle Abdelhakim Dekhar, a 48 ans et est déjà connu de la justice pour avoir été condamné dans l'affaire Florence Rey-Maupin en 1994. Confondu par son ADN, il est bien l'homme qui s'est introduit dans le hall de la chaîne BFMTV vendredi à l'aube et l'auteur des coups de feu tirés lundi matin à l’accueil du quotidien Libération puis sur la tour de la Société générale à la Défense. 

Le récit de sa traque. La police a pu mettre la main sur Abdelhakim Dekhar grâce au témoignage d'un de ses proches. Il s'est présenté mercredi en fin d'après-midi au commissariat de Courbevoie, expliquant qu'il avait des doutes sur l'un de ses amis qu'il héberge régulièrement depuis plusieurs mois. Non seulement il ressemble aux photos de l'appel à témoins extraites des vidéos surveillance, explique cet homme à la police, mais lundi soir il est rentré à son domicile en lui confiant qu'il avait fait une "connerie".

Sur ses indications, la brigade criminelle et la brigade antigang, prévenues par le commissariat de Courbevoie, se rendent alors dans un parking souterrain de Bois-Colombes. Au niveau -1, les enquêteurs trouvent effectivement un individu dans une petite Renault. Il est dans un état semi-comateux, il a visiblement absorbé des médicaments. Cet homme est alors interpellé en douceur, puis placé en garde à vue médicalisée et conduit dans un hôpital sous surveillance.

L'ADN a fini par parler. Abdelhakim Dekhar a été confondu par une comparaison de son ADN avec des prélèvements effectués par les enquêteurs sur les scènes de crime, notamment dans la voiture du conducteur qu'il avait contraint à l'emmener aux Champs-Élysées et sur des balles retrouvées dans le hall de BFMTV. "Il a fallu quatre à cinq heures pour confondre à travers l'ADN cet individu", a souligné Manuel Valls, qui s'est dit fier du "travail remarquable" accompli par les forces de police et a salué la "prouesse" de la police scientifique.

Mais pourquoi l'ADN d'Abdelhakim Dekhar n'était pas fiché ? Simplement parce que ce dernier a été créé l'année de sa sortie de prison en 1998. Après avoir purgé sa peine, il était "probablement parti à l'étranger", selon le ministre de l'Intérieur. Reste maintenant à comprendre ses motivations. Un courrier a été retrouvé par la police. Mais selon les informations recueillies par Europe 1, il s'agit d'un courrier "très confus". Le suspect évoque "dans ce texte la Libye, la Syrie, et plus généralement la situation actuelle dans le monde arabe", assure BFMTV. Les enquêteurs devraient pouvoir l'interroger dans les prochaines heures.

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