Didier Lombard, ex-PDG de France Télécom, arrivant au verdict de son procès, le 20 décembre 2019 4:43
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Chloé Triomphe, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Après la condamnation de France Télécom et de ses anciens dirigeants pour "harcèlement moral", l'avocat d'une partie des victimes a salué une décision "précieuse" sur les limites du pouvoir managérial en France. Les avocats des anciens dirigeants ont, eux, décidé de faire appel.

Au terme d'un procès inédit concernant le "harcèlement moral" et le suicide de plusieurs de leurs salariés, l'entreprise France Télécom a écopé vendredi de l'amende maximale et ses anciens dirigeants ont été condamnés à un an de prison, dont 4 mois fermes. Le jugement souligne ainsi le rôle actif et déterminé des anciens dirigeants et leur logique "jusqu'au-boutiste" dans la mise en oeuvre d'un plan de réduction des effectifs "à marche forcée" : 22.000 départs souhaités, par des moyens de pression exercés sur la hiérarchie intermédiaire et "répercutés" sur les salariés.

Pour Jean-Paul Teissonnière, avocat de la partie civile depuis le début du procès, les 345 pages de motivation du jugement qui expliquent la décision vont permettre "d'avoir des indications extrêmement précieuses sur les limites du pouvoir de l'employeur en matière de management". Selon lui, à la question posée pendant le procès : "Est-ce que c'était interdit ?", le tribunal a répondu clairement que, dans les 39 cas examinés, dont 19 suicides, "ce qui s'est passé là, c'était interdit".

Une décision "politique" et sans "aucun fondement juridique" pour l'avocat de l'ex-PDG

L'entreprise France Télécom, devenue Orange, a renoncé à faire appel et indemnisera les victimes, afin de tourner la page de cet événement. Une approche que ne partagent pas l'ex-PDG Didier Lombard, l'ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenès et l'ex-DRH Olivier Barberot, qui ont déjà annoncé, par le biais de leurs avocats, interjeter appel. Jean Veil, l'avocat de Didier Lombard remet ainsi en cause un jugement qu'il considère comme "politique" accusant les juges d'avoir "cherché à se faire plaisir". Cette décision n'a, selon lui, "aucun fondement juridique. C'est une faute de droit complète".