Le numerus clausus bientôt supprimé ? "Le gouvernement agit comme s'il n'y avait pas le feu"

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Anaïs Huet
Le gouvernement souhaiterait supprimer le "numerus clausus" dans les études de médecine. Mais pour le docteur Jean-Paul Hamon, cette mesure n'aiderait à solutionner le problème des déserts médicaux que dans dix ou quinze ans.
INTERVIEW

Se dirige-t-on vers la fin du "numerus clausus" dans les facultés de médecine ? La piste est en tout cas à l'étude, et le gouvernement pourrait l'acter à l'occasion de la présentation de la réforme des systèmes de santé, le 18 septembre prochain.

Si cette mesure pourrait permettre de juguler, au moins en partie et à long terme, le phénomène des déserts médicaux, elle n'apparaît pas comme une solution efficace à court terme. C'est l'avis du docteur Jean-Paul Hamon, médecin généraliste dans les Hauts-de-Seine et président de la FMF (Fédération des Médecins de France). Il a poussé un coup de gueule au micro de Matthieu Bélliard, mercredi soir sur Europe 1.

 

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"Une bonne chose pour les étudiants, mais…" "On a le sentiment que le gouvernement agit comme s'il n'y avait pas le feu. Je rappelle qu'il faut entre dix et quinze ans pour former un médecin. Rien qu'en Ile-de-France, qui n'est quand même pas un désert de population, on a perdu près de 20% de médecins libéraux en dix ans. Je ne sais pas quel dessin il faut faire au gouvernement pour qu'il prenne des décisions rapides", a-t-il maugréé.

Dès lors, il refuse de se satisfaire de la fin annoncée du "numerus clausus". Certes, "c'est une bonne chose pour les étudiants qui arrivent, mais pour les Français qui manquent de médecins actuellement, ils vont en manquer encore pendant au moins dix ans", souligne le généraliste.

 

Améliorer les conditions d'installation et d'exercice. Pour endiguer au plus vite la baisse "drastique" du nombre d'étudiants qui optent pour la médecine générale, il faut à tout prix lui redonner de l'attractivité. "Il faut réformer les études, et faire porter l'effort aux étudiants du troisième cycle, ceux qui ont déjà six ans d'études, et qui vont être opérationnels dans les trois ou quatre ans à venir", estime Jean-Paul Hamon. Ces étudiants "doivent impérativement connaître l'exercice libéral, et qu'ils fassent au moins un an de stage en libéral en situation de responsabilité, pour qu'il n'ait plus peur de s'installer." 

Redonner l'envie aux futurs médecins de se lancer dans l'aventure passe justement, selon Jean-Paul Hamon, par un meilleur accompagnement, et des conditions d'exercice simplifiées. "Il faut par exemple qu'ils découvrent une médecine libérale où le médecin ne passe pas 30% de son temps dans de l'administratif."