Le jeûne, tendance contestée mais déjà bien marketée

Le jeûne est une tendance déjà bien affirmée.
Le jeûne est une tendance déjà bien affirmée. © Pixabay / Creative Commons
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Jean-Pierre Montanay
Suivre un jeûne pendant quelques jours, de plus en plus de personnes s'y adonnent. Si des études ont souligné les bénéfices de cette pratiques, médecins et nutritionnistes sont plus partagés. Notre chroniqueur Jean-Pierre Montanay fait le tour de la question.

Finies les fêtes et la ripaille de la fin d'année. Et s'il était temps de jeûner ? C'est en effet très à la mode : sauter un repas, voire trois, pendant un jour ou plusieurs. Il n'est d'ailleurs pas rare d'avoir autour de soi un ou une ami(e) parti(e) suivre pendant une semaine un programme d'abstinence. Rien à manger, sinon un bouillon maigrichon à avaler chaque jour après une longue marche qui vous a essoré. Les réjouissances déclenchent chez les adeptes du jeûne, de plus en plus nombreux, une avalanche de superlatifs : infernale le deuxième jour, disent-ils, l'expérience serait jouissive le dernier. On se sentirait neuf, régénéré, réparé. 

Deux études démontrent des bienfaits...

Deux études de référence, médicale et biologique, une allemande et une japonaise, ont révélé toutes les deux des signes positifs sur la santé et le métabolisme. D'abord, et ce n'est pas très surprenant, une perte de poids, une réduction du cholestérol et de la pression artérielle, ainsi que l'évacuation des dioxines. Plus étonnant, le jeûne permettrait la libération de molécules antioxydantes. Ce serait donc un peu comme une cure de rajeunissement. Ce régime draconien renforcerait aussi la lutte contre les maladies cardiaques et doperait le sentiment de "mieux-être" chez ceux qui souffrent de maladies graves comme le diabète.

...les nutritionnistes restent prudents

Restent que les nutritionnistes et les diététiciens sont partagés. Peut-être pour défendre leurs régimes sur mesure, ils montent au front pour casser cette pratique à la mode avec le sens de la formule. Il s'agirait d'une "intox de la détox". Ils dénoncent les dangers pour l'organisme d'une abstinence forcée. L'absence prolongé des nutriments fournis par l'alimentation peut entraîner un recul du système immunitaire, un déficit en vitamines et même des troubles hépatiques.

Attendons donc encore un peu pour voir si le bénéfice du jeûne est scientifiquement prouvé. Si c'est le cas, ce sera alors une thérapie à part entière. Demain, serons-nous tous au régime sec ? En tout cas, boire une tisane midi, matin et soir en faisant du yoga est pour l'instant facturé 700 euros la semaine... le jeûne a déjà son business.