LA QUESTION SEXO - Je suis jalouse de la vie sentimentale de ma sœur cadette

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Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Anaëlle, auditrice célibataire de 30 ans qui jalouse la vie sentimentale de sa cadette. Pour la spécialiste, ce sentiment est tout à fait naturel, puisque les membres d'une même fratrie se voient comme des rivaux. 

>> Est-il normal d'envier la vie sentimentale d'un membre de sa fratrie ? C'est la question que se pose Anaëlle, célibataire de 30 ans, qui jalouse sa sœur de 6 ans sa cadette, en couple depuis plusieurs années. Pour Catherine Blanc, ce sentiment est tout à fait naturel entre enfants issus d'un même couple, puisque chaque frère et sœur est vu come un rival. La sexologue et psychanalyste préconise, dans "Sans Rendez-vous", d'en parler, plutôt que de rester seul avec l'inconfort de son ressenti. 

La question d'Anaëlle 

"Célibataire depuis toujours à 30 ans, je me rends compte que je suis de plus en plus jalouse de ma sœur cadette, 24 ans, en couple depuis plusieurs années. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Plus que jamais, c'est avec ses frères et sœurs que se noue la notion de jalousie et de rivalité, puisque nous devons historiquement partager des êtres absolument indispensables, à savoir la mère et le père. Notre fratrie, que ce soit les plus grands ou les plus petits, avec laquelle nous devons partager ces êtres d'amour, de sécurité et de confort vont nourrir en nous beaucoup de haine, d'agressivité et de jalousie. Mais comme il y a aussi de la culpabilité dans tout ça, la fratrie va également générer beaucoup d'amour. C'est-à-dire que l'on va développer un amour et une protection vis-à-vis de ses frères et sœurs. En revanche, cet amour se nourrit d'une grande anxiété : on essaye de se les mettre dans la poche parce que ce sont nos rivaux. 

Comment ne pas tomber dans la jalousie excessive ?

Cela se joue dès l'enfance. Parfois une fratrie peut se livrer à des jeux assez dangereux, un moyen pour le plus grand d'évincer le plus petit. Mais, si l'aîné a ce désir, il le refoule et a très peur qu'il se passe quelque chose de grave. Il est à mi-chemin entre deux eaux. Le rôle des parents est donc capital. Non pas pour punir l'enfant de son agressivité envers son/sa cadet(tte), mais pour le protéger de sa propre culpabilité liée à l'hostilité qu'il ressent. Les parents doivent apprendre à l'enfant les avantages qu'il y a à partager.

Mais ici on parle de deux sœurs adultes...

Oui, dans ce cas précis Anaëlle est l'aînée et entend le rester. Donc à ce titre elle estime que c'est elle qui devrait être en couple avant sa sœur. Or c'est précisément l'inverse qui se passe. C'est cette dernière qui est dans un lien d'amour et qui va pouvoir projeter la construction d'une famille. C'est très douloureux pour Anaëlle car cela renvoie au lien d'amour de sa mère, plus intéressée par la petite dernière que par l'aînée. 

Sa difficulté amoureuse fait resurgir son anxiété de petite fille d'être détrônée par sa sœur.

Anaëlle doit-elle en parler à sa sœur ? 

Ne pas dire les choses n'annule pas les sentiments que l'on peut ressentir. Je pense que c'est très bien que des adultes se penchent sur leur douleur à vivre et à fonctionner ensemble."