Le confinement a bousculé les habitudes au sein du foyer. Si bien que pour certains parents, accaparés par le travail et les enfants, il est difficile de se retrouver pour partager un moment à deux sous la couette. C'est le cas d'Arnaud, qui confie ne pas réussir à avoir de rapports sexuels avec sa femme depuis le début du confinement. Vendredi, dans Sans rendez-vous, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc lui a livré ses conseils.
La question d'Arnaud, 36 ans
Depuis le début du confinement, ma femme et moi n’arrivons plus à avoir de rapports sexuels, le télétravail et nos quatre enfants nous mobilisent 24h/24, que faire ?
La réponse de Catherine Blanc
La question ici est "comment faire pour garder une intimité de couple ?" En temps normal, il y a une diversité d’actions, de la distance vis-à-vis des autres et notamment pour le couple, et le temps est toujours difficile à trouver pour avoir cet élan et ce désir. En confinement, il y a moins de distance et moins de chemin à parcourir donc on ne sait pas pourquoi la sexualité nous rapprocherait plus encore. Elle peut même devenir anxiogène quand on aurait plutôt besoin de prendre l’air.
Le confinement doit être une raison supplémentaire pour mettre un cadre aux enfants afin que ce ne soit pas eux qui fassent la vie des parents. Ce n'est pas selon leur bon vouloir de se lever et de se coucher, il faut pouvoir recadrer ça en délicatesse. Pas simplement parce qu'on veut faire l’amour, mais pour avoir un espace d’échange.
" Retrouvons-nous pour faire la sieste dans les bras l’un de l’autre, ou pour une sieste crapuleuse "
Les parents sont souvent séparés par leur fonction de parents, chacun s'occupant des enfants à leur tour. Les enfants deviennent alors la raison de leur absence de sexualité. Mais ils n’ont pas lieu d'être les agents de la distance, et il appartient aux parents de faire en sorte qu’ils ne le soient pas. Or, à vouloir toujours mettre nos enfants au centre de notre bonheur et de notre réalisation, on en oublie la relation de couple.
Pour leur santé à eux, laissons-les faire la sieste ; et pour notre santé à nous, retrouvons-nous pour faire la sieste dans les bras l’un de l’autre, ou pour une sieste crapuleuse.
On n’est pas obligé d’aller jusqu’à une finalité définie par la finalité masculine que serait l’éjaculation. On peut aussi se dire qu’on se raconte un bout d’histoire et que l’autre bout de l'histoire sera le jour suivant pour un aboutissement qui peut s’étirer dans le temps. Au lieu d’être l’esclave du temps, on fait jouer le temps pour nous et notre plaisir, selon notre humeur de l’instant.