LA QUESTION SEXO - À partir de quand doit-on consulter un sexologue ?

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Catherine Blanc, édité par Mathilde Durand
Dans l'émission "Sans Rendez-Vous", sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à une auditrice qui s'interroge sur la nécessité d'aller voir un sexologue. Mariée depuis 16 ans, avec trois jeunes enfants, elle hésite à prendre rendez-vous avec un spécialiste pour régler la question d'une sexualité en dents de scie. 

Dans l'émission "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Emmanuelle. Cette dernière s’inquiète d’une sexualité en dents de scie avec son mari et se demande s’ils doivent consulter un sexologue pour y remédier. Pour la spécialiste, il ne faut pas s’en remettre aux professionnels à chaque difficulté. Expérimenter, trouver des solutions, permet de se construire. En revanche, si la relation se réduit à une problématique sexuelle, il est préférable d’en parler avec un tiers.

La question d'Emmanuelle

Avec mon mari, nous sommes ensemble depuis 16 ans. Nous avons trois jeunes enfants. Et donc une sexualité en dents de scie. Pensez-vous que nous devons aller consulter un sexologue ? À partir de quand doit-on prendre rendez-vous ?

La réponse de Catherine Blanc

Je pars du principe qu’il n'y a pas lieu d’être dans la consommation de tous les spécialistes lorsque nous avons une difficulté. Nous en rencontrons tous, le propre de l’adulte c’est de faire face pour trouver ses propres solutions. Et cela permet d'en sortir d’autant plus vainqueur et heureux.

Cependant, il faut voir quelle est la part du moment où l’on cherche et ou on essaye de se proposer des solutions, et quand est-ce que l'on commence à en souffrir. Arriver à une telle extrémité teinte la relation de cette problématique. Dans ces cas là, il est bienvenu d’avoir affaire à un tiers pour aider à y voir plus clair.

Est-il possible d'être célibataire et de consulter ? 

Cela concerne aussi les célibataires. La sexologie et la sexo-thérapie concernent toutes les questions liées à la sexualité, dans sa pratique, dans son fantasme et dans la question de son genre. C’est au-delà de la pratique sexuelle. Si je suis dans l'incapacité de faire une intervention à haute voix dans un groupe d’hommes ou de femmes, cela signifie que ma position est mise en question par présence d’un autre sexe ou du même sexe. Là, le sexologue-psychologue peut intervenir.

Les patients sont ils plus souvent des couples que des célibataires ? 

Tous les thérapeutes ont un type de clientèle, plutôt des femmes ou des hommes, par rapport à ce qu’ils renvoient eux-même, leur tranquillité personnelle, leur expérience clinique. La patientèle s'établit souvent par le biais des médecins ou patients. Longtemps, ce sont plutôt des femmes qui venaient car elles se permettaient de se poser des questions. Puis, les maris ont fini par venir. Après, ils ont été à l’origine des demandes de rendez-vous. Cela évolue beaucoup. 

Faut-il être un vieux couple pour consulter un sexologue ? 

J'ai des patients de plus en plus jeunes. Malheureusement, car on ne se donne plus le droit dans notre société de s'emmêler un peu les pinceaux. Cela semble rendre compte d'une inaptitude à être dans la société. Dès qu’il y a une difficulté, ils viennent consulter au lieu de se donner le temps de s’approprier leurs propres émois contrariés. Tant mieux d'un côté, car c’est la preuve d’une intelligence, mais je crains que ce soit aussi une incapacité de se prendre en charge dans une société qui nous a invité à toujours être pris en charge par autrui. On est protégé, il y a des réponses partout par des spécialistes. L’individu se décharge de tout. C’est dommage, car nous allons dans la sexualité avec notre corps, notre émotionnel, notre partenaire et, a priori, pas avec un thérapeute.