La Seine-et-Marne ne veut pas être la poubelle du Grand Paris

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© Salomé Legrand / Europe 1
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Salomé Legrand , modifié à
ENQUÊTE- Avec 200 km de voies à creuser et 68 gares à construire, une montagne de déchets menace l’Ile-de-France.

Le projet du Grand Paris, ce sont de nouvelles gares, des aménagements urbains, des meilleures liaisons entre la métropole et la banlieue. Mais le Grand Paris, c’est aussi des tonnes et des tonnes de déchets qui posent problème. Actuellement, 80% de déchets issus des chantiers de l'Ile-de-France atterrissent dans le grand quart nord-ouest de Seine-et-Marne. Vendredi matin, le Conseil régional doit voter le PREDEC (Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics), incluant un moratoire de trois ans pour interdire l'ouverture de nouvelles installations de stockage de déchets.

Le paysage bouleversé. Il y a aujourd’hui tellement de déchets dans le département que le paysage en a été changé. Ces déblais de chantiers qui s’amoncellent jusqu’à 300 mètres de certaines écoles élémentaires obligent les géographes à refaire les cartes topographiques, selon Franck Rolland, élu local écologiste et militant de stop déchets 77. "Avant c’était la Beauce, des champs de betteraves, de blé à perte de vue, un paysage plat,  on en est maintenant à des monticules, des mamelons qui font 50, 100 mètres de hauteur", déplore-t-il. "Si on monte sur certains monticules, on peut même voir Paris !" Et le militant de plaisanter pour enfoncer le clou : "on peut presque dire en blaguant que si on continue comme ça, d’ici 10 ans, on pourra faire des pistes de ski en Seine-et-Marne".

Les décharges, une tentation pour les communes. Avec le chantier du Grand Paris, on estime qu’il y aura 43 millions de tonnes de déchets à gérer en 2026, contre 27 millions en 2012. Et accueillir des décharges… rapporte beaucoup d'argent. C’est donc une tentation pour ces petites communes aux faibles ressources.  

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Des décharges polluantes… "On veut tous être Disney, avoir de beaux ronds-points, de beaux stades, de belles salles polyvalentes, mais on n’a pas tous Disney sur notre territoire. Alors qu’est-ce qu’on prend ? Ben, on prend les poubelles", explique Christian qui tient le PMU d’un de ces villages à quelques kilomètres de Disneyland Paris. Mais il redoute que ces décharges s’installent à n’importe quel prix. "Il n’y a pas de déchets inertes. Quand on détruit une cloison, on ne gratte pas la peinture au plomb qu’il y a dessus. Donc elle est enfouie là. Même s’il y a 95% des déchets qui sont de la terre ou des graviers, on retrouve aussi du plomb, de l’amiante… C’est quand ça va se décomposer que ça ne va pas le faire !"

… et odorantes. Cette pollution des sols que les habitants craignent pourrait s’ajouter à la puanteur des dizaines de décharges d’ordures ménagères. Ces dernières pourraient également faire l’objet d’un moratoire très prochainement. "Il y a de la place, de l’espace libre aussi dans les Yvelines ou le Val-d’Oise", soufflent malicieusement certains qui ne veulent plus de ces poubelles géantes chez eux.