"C’est, aujourd’hui, un débat sociétal et politique qui mobilise l’écologie", pointe Matthieu Flonneau (photo d'illustration). 7:11
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Romain David
Invité mardi d'Europe 1, Matthieu Flonneau, historien des mobilités et de l’automobilisme, a estimé que l’enjeu écologique, qui a poussé la Convention citoyenne sur le climat à proposer un abaissement de la limitation de vitesse sur autoroute, a fini par balayer le rôle social de la voiture.
INTERVIEW

C'est l'une des suggestions qui fait couler beaucoup d'encre : la Convention citoyenne sur le climat propose de faire baisser la limitation maximale sur autoroute de 130km/h à 110km/h. Sur une distance de 100 kilomètres, le temps de trajet passerait ainsi de 49 à 57 minutes, mais permettrait d’économiser 1,5 litre de carburant, soit 4 kilos de CO2 en moins de rejetés dans l’atmosphère, selon une simulation réalisée par Europe 1 sur un tronçon de l'A13 entre Paris et Caen. Mais pour Matthieu Flonneau, historien des mobilités et de l’automobilisme, l'enjeu écologique a trop souvent tendance à éclipser la dimension sociale de l'automobile.

Une proposition susceptible de raviver certaines tensions sociales

"C’est, aujourd’hui, un débat sociétal et politique qui mobilise l’écologie", pointe Matthieu Flonneau. "Lorsqu’en 1974 les premières mesures de limitation sont adoptées, il y a d’abord une préoccupation imminente de sécurité routière, car les années précédentes il y avait eu 16.000 morts sur les routes françaises", rappelle cet historien. Mais désormais, alors que les politiques de sécurité routière ont fait drastiquement baisser la mortalité sur les routes, la dimension climatique a pris le dessus.

Aussi, cet historien voit dans cette proposition, dont l’exécutif est appelé à s’emparer, "une attaque contre ce totem de l’ancien monde qu’est l’automobile thermique". "Cette Convention avait l’espoir d’apaiser une partie de la colère des 'gilets jaunes', notamment autour de la question des 80km/h. On en est très loin, ça va raviver de vieux débats', prévient Matthieu Flonneau.

"L’automobile représente un service public"

"L’objectif est de faire passer le goût de l’automobile", résume ce spécialiste. Mais à ses yeux, "archaïser" le système routier, c’est oublier que la voiture reste un mode de circulation essentiel dans les campagnes françaises. "L’automobile représente un service public. C’est une question fondamentalement républicaine, une question d’homogénéité des territoires en France", insiste Matthieu Flonneau.

Par ailleurs, il estime que l’adoption de cette mesure trahirait un "paradoxe du macronisme" puisqu’Emmanuel Macron, à l’époque où il était en charge de l’Economie, sous François Hollande, avait favorisé la dérégulation des autocars.