Une vingtaine de harkis dans l'ordre de la Légion d'honneur et du Mérite : "c'est plus que mérité"

Emmanuel Macron a décidé d'élever une vingtaine d'anciens combattants harkis dans les ordres de la Légion d'honneur.
Emmanuel Macron a décidé d'élever une vingtaine d'anciens combattants harkis dans les ordres de la Légion d'honneur. © PIERRE VERDY / AFP
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Thibaud Le Meneec, avec Marion Jort et AFP , modifié à
Emmanuel Macron a promu d'anciens combattants harkis et des représentants d'associations. "Ça aurait dû être fait beaucoup plus tôt", estime sur Europe 1 le fondateur de la Fédération nationale des Harkis rapatriés d'Algérie.
INTERVIEW

Après avoir reconnu que le mathématicien Maurice Audin était mort "sous la torture" en Algérie, Emmanuel Macron a fait un nouveau geste dans le travail mémoriel sur la guerre d'Algérie. Le chef de l'État a promu vendredi une vingtaine d'anciens combattants harkis et des représentants d'associations dans l'ordre de la Légion d'honneur.

 

Cette promotion de harkis n'est pas la première, mais c'est la première fois qu'une promotion est aussi importante et que des enfants de harkis - seize sur le total de 37 - sont distingués au titre de leurs travaux et de leur parcours personnel. Le geste d'Emmanuel Macron intervient après celui de François Hollande en 2016, qui avait reconnu "les responsabilités" de la France dans "l'abandon" des harkis, au cours d'une journée d'hommage du 25 septembre qui avait alors pris des allures de pré-campagne électorale, à sept mois de l'élection présidentielle de 2017.

"On ne peut que s'en réjouir". Pour les principaux concernés, il s'agit d'une première victoire : "Je pense que c'est plus que mérité puisque nous sommes quand même les oubliés de l'Histoire. On ne peut que s'en réjouir", a affirmé Kader Hocine, fondateur de la Fédération nationale des Harkis rapatriés d'Algérie, vendredi, sur Europe 1.

Entendu sur europe1 :
Nos parents ont tué pour la France. Quand on tue pour un pays, c'est qu'on l'aime

Une reconnaissance jugée encore insuffisante. Pourtant, le geste d'Emmanuel Macron est considéré comme insuffisant par le fondateur de cette Fédération. "Mon sentiment, c'est que ça aurait dû être fait beaucoup plus tôt", regrette Kader Hocine.

"On honore les quelques anciens combattants qui restent, alors qu'ils la méritent tous à titre posthume", explique-t-il. "On aimerait que les gouvernements disent, une fois pour toutes, : 'Vous avez galéré, vous avez souffert, vos parents ont été trahis, abandonnés, ce n'est quand même pas rien.' Nos parents ont tué pour la France. Quand on tue pour un pays, c'est qu'on l'aime. Après avoir été désarmés et abandonnés, même la Légion d'honneur c'est pas assez haut pour nous mais c'est quand même important."

 

Victimes de sanglantes représailles. Sur les quelque 150.000 Algériens recrutés par l'armée française comme auxiliaires durant la guerre d'Algérie, environ 60.000 sont parvenus à partir pour la métropole avec les pieds-noirs. Mais leur accueil s'est fait dans des conditions précaires (camps, hameaux de forestage et cités urbaines), sans réelles perspectives d'intégration pour eux-mêmes ni leurs enfants. Les autres - entre 55.000 et 75.000 selon les historiens - ont été livrés à leur sort en Algérie et, considérés comme des traîtres par le nouveau régime, victimes de sanglantes représailles.