La délicate question des tombes des terroristes

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L'un des carrés musulmans du cimetière de Thiais où sont enterrés au moins deux terroristes. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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Pierre Herbulot
L’anonymisation des tombes des terroristes, problème saillant depuis plusieurs mois, doit permettre d’éviter qu’elles ne deviennent des lieux de pèlerinage.

Depuis le mois de janvier 2015, l'inhumation des terroristes est devenu un vrai problème. Il y a eu les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, puis la plupart des membres des commandos à l’origine des attaques du 13-Novembre à Paris et Saint-Denis. Il reste encore à enterrer l'assassin de Magnanville, le tueur de Nice, et les deux preneurs d’otage de Saint-Étienne du Rouvray. Les enterrements sont toujours très discrets, avec des tombes anonymisées pour éviter qu'elles ne soient dégradées ou qu'elles ne deviennent des lieux de pèlerinage.

Des tombes sans nom. Parmi les 150.000 sépultures que compte le cimetière de Thiais, dans le Val-de-Marne, en région parisienne, figurent celles de deux terroristes de différents attentats de l'an dernier. Et même en sachant que leurs corps reposent dans l'un des neuf carrés musulmans, comme cela avait été demandé par les familles, il reste encore 10.000 tombes et, parmi elles, des dizaines et des dizaines sont anonymes. Il devient alors très difficile de localiser la ou les tombes des terroristes.

Aucune information sur la localisation des sépultures. Le secret est très bien conservé. Même certains gardiens, qui passent leurs journées à arpenter les longues allées du cimetière, ne le savent pas. Seule une poignée de responsables connaît l'emplacement précis des dépouilles. Mais les consignes qui leur ont été passées sont très strictes : "ne donner absolument aucune information".

Laisser les terroristes à l’oubli. Même mutisme du côté des mairies qui gèrent ces cimetières..."Il faut tourner la page", explique un conseiller. D'ailleurs, pour que ce secret puisse prendre forme, une discrétion absolue est de rigueur dès l'inhumation des corps. Les trous pour les cercueils sont creusés de nuit, parfois sans pelleteuse. L'enterrement se fait toujours quand le cimetière est fermé, très tôt le matin ou, encore une fois, en plein milieu de la nuit. Dans un autre cimetière de la région parisienne, où est enterré un autre terroriste, le responsable finit par glisser : "Il n'y a ni dégradation, ni fleurs" sur la tombe. Elle est laissée là, dans l'oubli...