Images de mobilisation des argiculteurs (1280x640) Denis CHARLET/AFP 1:18
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François Coulon, Jeanne Daudet et , modifié à
MANIFESTATIONS - Dans la nuit de mardi à mercredi, un local de la Mutuelle sociale agricole a été visé. La mobilisation s'étend à toute la France.

La colère des agriculteurs ne retombe pas. Au contraire, elle s'étend dans tout le pays. Mardi, des actions ont eu lieu de Saint-Lô jusqu'à Aix-en-Provence. Dans la nuit, une opération coup de poing a même été menée contre un local de la Mutuelle sociale agricole (MSA) de Landerneau, dans le Finistère.

"Il est temps de foutre tout ça par terre". Il était 1 heure du matin quand une centaine de remorques venues de toute la région ont déversé devant le local des monceaux de choux, des pommes de terre et des détritus. "C'est notre MSA qui nous pourrit la vie. Nos charges sociales sont deux fois trop fortes. Il y en a marre. On va tous crever", s'est alarmé un manifestant. "On cotise toute l'année et au bout du compte on n'a rien. Donc la MSA, il est temps de foutre tout ça par terre", a exhorté un autre agriculteur.

Entendu sur europe1 :
Si on fout une bombe là-dedans, au moins, on sera écouté.

Un incendie évité. "Ça fait neuf ans que je suis installé. Depuis cinq ans, c'est la mort. Si on fout une bombe là-dedans, au moins, on sera écouté", a confié un éleveur au micro d'Europe 1. "Qu'est-ce qu'ils attendent, qu'il y ait encore plus de casse ?". Les leaders de la mobilisation sont parvenus de justesse à éviter un incendie d'envergure. Mercredi, dans la matinée, les agriculteurs entendent s'attaquer aux grandes surfaces.

800 kilomètres plus loin, la grogne est la même. A Labastide-Saint-Pierre, près de Montauban, ils étaient plusieurs dizaines mercredi matin à bloquer la plateforme logistique d'un grand groupe industriel, là même où transitent tous les produits qui vont ensuite être acheminés vers les supermarchés de la région. Avec ce type de blocage, aucune marchandise ne rentre ou ne sort. Les agriculteurs entendent ainsi perturber la chaîne d'approvisionnement et demandent au gouvernement de travailler avec ces grands groupes sur un encadrement des prix de leur production.

"C'est vraiment le symbole, cette grosse base logistique, du pouvoir qu'ont les centrales d'achats aujourd'hui sur les petits agriculteurs, qui sont complètement atomisés", explique Jean-Philippe Viguié, le président des Jeunes Agriculteurs du Tarn-et-Garonne. "On ne peut pas peser sur les prix par rapport à ces gens-là. On est condamnés à subir leur loi. Il n'y a rien qui est fait, il n'y a rien qui avance sur le structurel, sur les prix. Ce qu'on demande, c'est un peu de régulation et du partage des marges." Ces agriculteurs ne comptent pas lever le barrage de sitôt. Par roulement, ils entendent maintenir ce blocage au moins jusqu'à jeudi.

Les mobilisations continuent. François Hollande, de son côté, s'est engagé à s'exprimer sur la situation des agriculteurs d'ici le Salon de l'agriculture, prévu du 27 février au 6 mars. Le chef de l'Etat l'a promis à Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), qu'il a reçu mardi à l'Elysée. Le représentant du principal syndicat agricole a assuré que les demandes avaient été entendues mais n'appelle pas pour autant à la fin des mobilisations.