"Je n'ai pas réfléchi", plaide l'auteur des tags antisémites dans le RER C devant les enquêteurs

Les tags ont été identifiés dans des trains et des gares du RER C (photo d'illustration).
Les tags ont été identifiés dans des trains et des gares du RER C (photo d'illustration). © AFP
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Salomé Legrand et Margaux Lannuzel , modifié à
Europe 1 a pu consulter le procès-verbal de garde à vue du quinquagénaire soupçonné d'être l'auteur de dizaines de tags antisémites dans une gare RER de Versailles. 

À la question "avez-vous quelque chose contre le peuple juif ?", le gardé à vue répond "non, aucunement". Il est pourtant soupçonné d'être l'auteur de dizaines de tags antisémites dans des trains et des gares du RER C, notamment à Versailles. Interpellé en flagrant délit mercredi, il a été déféré vendredi matin. Europe 1 a pu consulter le procès-verbal de son audition par les enquêteurs. 

"Macron au four" et "Macron à Dachau". Né en 1953, employé du conseil départemental des Yvelines, l'homme explique aux policiers être baptisé mais non croyant, ne pas s'intéresser à la politique et n'être proche d'aucun mouvement radical. Confronté aux photos de tags prises dans un train - des expressions comme "Macron au four", "Macron à Dachau" ou encore "Nike Castaner" -, il reconnaît en être l'auteur. Mais le quinquagénaire nie en revanche d'autres dégradations commises sur la ligne, comme le dessin de certaines croix gammées. "C'est pas moi qui les ai inscrites (sic). D'ailleurs, vous remarquerez qu'elles ne ressemblent pas à celles que j'ai inscrites plus tard." 

"Fréquentez-vous des milieux proches de la mouvance 'nazie' ?", demandent les policiers. "Non, certainement pas", répond le gardé à vue, invité à donner son avis sur ces mouvements : "ils n'ont pas lieu d'être, c'est une menace pour l'ordre public et la société". 

"Je ne me suis pas vraiment rendu compte". Alors, pourquoi avoir rédigé de tels messages ? L'employé du conseil départemental évoque les difficultés à boucler ses fins de mois - malgré un salaire de 3.000 euros -, notamment en raison de sa nécessité d'aider sa mère, hospitalisée. "Je ne me suis jamais rapproché de ce mouvement (des gilets jaunes), mais avec les images de violences, j'ai commencé à imaginer faire voir mon mécontentement", explique-t-il. "Je ne me suis pas vraiment rendu compte de ce que j'allais faire." 

"Un jour, alors que je partais au travail, le 16 février 2019, à bord du RER C, j'ai commencé à inscrire des messages contre Macron et sa politique", raconte-t-il encore aux enquêteurs. "Je ne me souviens plus de ce que j'ai écrit. (...) Je l'avais vu à la télévision, je n'ai pas réfléchi. Ce n'est pas mon langage, je l'ai vu et je l'ai inscrit à mon tour. C'était idiot." L'homme explique avoir ensuite été pris "comme d'une folie" : "je n'ai pas réussi à m'arrêter, c'est un peu comme si ça m'avait permis d'évacuer toute la haine que j'avais depuis des mois au fond de moi."