Insécurité dans les transports : "certains comportements intimidants sont sous-estimés"

Le sentiment d'insécurité dans les transports pour hommes et femmes est provoqué surtout par les incivilités commises par d'autres voyageurs.
Le sentiment d'insécurité dans les transports pour hommes et femmes est provoqué surtout par les incivilités commises par d'autres voyageurs. © Thomas SAMSON / AFP
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C.O.
Selon une étude publiée mardi par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 45% des usagers des transports en commun disent ne pas se sentir en sécurité lors de leurs trajets.
INTERVIEW

Les transports en commun, espace anxiogène ? C'est le constat que dresse l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) via une étude publiée mardi. Selon celle-ci, 45% des usagers des transports en commun disent ne pas se sentir en sécurité lors de leurs trajets. Les femmes sont particulièrement concernées. Elles sont 51 % à affirmer ressentir de l'insécurité dans le métro, le bus ou le tramway.

Des regards intimidants, des injures... Les chiffres disponibles montrent que les femmes sont moins victimes d'agressions que les hommes dans les transports. Pour autant, les auteurs de l'étude battent en brèche l'idée que les femmes auraient "par nature" davantage peur que les hommes lors de leurs trajets. Les auteurs rappellent en effet que les violences à leur encontre "semblent être sous-estimées" par les statistiques officielles. 

267.000 personnes victimes d'atteintes sexuelles. "Les femmes vont être victimes d'un certain nombre de situations qui va leur donner un sentiment d'insécurité. Ça va être les regards intimidants, la drague un peu lourde, les injures, le harcèlement… Ce sont ces faits qui concernent exclusivement les femmes, des faits qui pour la plupart ne font pas l'objet de plainte", détaille mardi sur Europe 1 Christophe Soullez, chef de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, invité d'Europe 1 Bonjour. L'ONDRP avait estimé en décembre qu'au moins 267.000 personnes, "essentiellement des femmes", avaient été victimes d'atteintes sexuelles en 2014 et 2015 dans les transports en commun en France.

Politiques publiques et sensibilisation. Dans la foulée de la libération de la parole née de l'affaire Weinstein, les pouvoirs publics ont promis de faire évoluer les choses en proposant différentes mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes, notamment dans les transports : amende pour "outrage sexiste" dans l'espace public ou possibilité pour les femmes d'arrêter un bus de nuit entre deux stations pour raccourcir leur trajet vers leur domicile. "Cela dépend aussi de la sensibilisation de l'opinion publique par rapport à ces phénomènes", souligne Christophe Soullez qui rappelle également que les comportements incivils", comme "parler fort au téléphone, injurier de façon lointaine, fumer dans le métro" et l'environnement des transports - "la propreté, l'éclairage des stations" - participent au sentiment d'insécurité pour l'ensemble des usagers.