«Il m’a étranglé» : le témoignage poignant d'un médecin en cette journée de mobilisation contre les agressions des soignants
Les soignants sont appelés à faire grève ce mercredi contre les violences dont ils sont victimes dans l’espoir d’avoir des mesures de protection et des sanctions plus dissuasives. Le docteur Eric Weinberg raconte l'enfer qu'il vit face aux agressions qui se sont multipliées ces dernières années. Rencontre.
Les médecins ont la peur au ventre. Exercer son métier n’est plus une mince affaire avec les agressions des professionnels de santé qui deviennent de plus en plus courantes avec plus de 27 % en 2023. Des syndicats et associations de médecins, infirmiers ou pharmaciens appellent donc les professionnels de santé à fermer leurs cabinets et manifester ce mercredi 12 mars pour dire "Stop" aux violences qui leur sont faites et qui ne cessent de se multiplier.
Le docteur Eric Weinberg, qui exerce depuis 30 ans à Créteil, constate que les agressions étaient bien moins nombreuses en début de carrière que celles qu’il subit aujourd’hui. "Une fois par mois, on m'a dit qu'on allait casser ma vitrine, ou attention on va t'attendre ce soir quand tu prendras ta voiture. En fait, c'est souvent quand on leur refuse quelque chose", raconte le médecin généraliste à Europe 1.
“On ne peut rien faire”
Refuser la prescription d'un médicament, par exemple, ou un arrêt de travail, si les trois quarts des agressions sont verbales ou relèvent de la menace, cela va parfois beaucoup plus loin. "J'étais dans ma salle d'attente et deux jeunes m'attendaient, m'ont réclamé une consultation. Je leur ai dit que je ne pouvais plus faire de consultation. Il y en a un qui est passé par derrière et qui m'a directement étranglé. Je suis tombé dans les pommes. On ne comprend pas parce qu'on est là pour soigner les gens. J'avais toujours peur d'un conflit avec un patient, mais je ne m'étais jamais posé la question de quelqu'un qui m'attaque dans le dos. Et on voit qu'on ne peut rien faire. On est vraiment seul face aux patients", se confie Eric Weinberg.
Les deux jeunes qui cherchaient en réalité à voler sa montre n'ont jamais été retrouvés. Depuis son agression, le docteur a installé des caméras de surveillance devant son cabinet et ne prend plus que des patients sur rendez-vous.