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Ugo Pascolo
Le rhumatologue Francis Berenbaum a fustigé ce mercredi au micro d'Europe 1 ceux qui rendent le débat sur l'hydroxychloroquine confus, à savoir Didier Raoult et les politiques qui s'en font les relais. D'après lui, ce débat a même fait perdre de vue à certains l'essentiel : le patient. 
INTERVIEW

Depuis le début de la crise du coronavirus, les discussions sur une éventuelle efficacité de l'hydroxychloroquine, prônée par le professeur Didier Raoult, n'en finissent pas. Et depuis que les hommes politiques s'en mêlent, à l'instar de Donald Trump qui a révélé lundi en prendre parce qu'il en "entend de très bonnes choses", ou de Jair Bolsonaro, le président brésilien, qui ne jure que par cela, la situation est encore pire.

De là à faire perdre de vue le principe médical fondamental de ne pas nuire avant tout aux patients ? "Oui", répond ce mercredi dans "Sans Rendez-vous" au micro d'Europe 1 Francis Berenbaum, rhumatologue à l’hôpital parisien Saint-Antoine. Lui fustige Didier Raoult et les personnalités politiques qui "ajoutent de la confusion au débat" sur l'hydroxychloroquine. 

"On n'écoute ni ne suit la seule chose qui devrait l'être"

"Malheureusement, quand vous avez des personnalités [scientifiques] comme Didier Raoult, un grand spécialiste dans son domaine, qui part dans des considérations non-scientifiques à propos de cette molécule, on aboutit" à une grande confusion, estime-t-il. Mais on ne peut pas "jeter la pierre aux personnes qui le suivent : quand on entend un grand scientifique, on a envie de se rallier à son avis". Toutefois, c'est une situation dans laquelle "tout le monde est perdant" pointe le rhumatologue. Quant aux politiques qui viennent mettre leur grain de sel en prônant le traitement sans avoir aucune connaissance médicale, cela va "simplement ajouter de la confusion au débat". 

"Finalement, on n'écoute ni ne suit la seule chose qui devrait l'être : les études scientifiques bien faites qui permettent de calculer les bénéfices et les risques d'un médicament."

Toutes les études ont montré l'absence d'efficacité clinique"

Et en la matière, le jugement de Francis Berenbaum est sans appel : une évaluation d'un médicament "ne peut pas se faire par un docteur seul dans coin", rappelle-t-il sans mentionner le nom de Didier Raoult. Seules "les différentes études réalisées peuvent le permettre. Et malgré tout ce qu'on a pu entendre, toutes ont montré l'absence d'efficacité clinique de l''hydroxychloroquine et de la chloroquine". S'il indique pouvoir comprendre que "les personnes essaient de voir les aspects positifs" de ces molécules, il martèle que la "balance bénéfice-risque est clairement en défaveur d'une prescription".