Humeur, sommeil, hypervigilance... Comment La Poste repère les signaux pouvant révéler des violences conjugales

Laurence Hulin dirige le pôle diversité et égalité des chances au sein du groupe La Poste.
Laurence Hulin dirige le pôle diversité et égalité des chances au sein du groupe La Poste. © Europe 1
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Romain Rouillard
Afin d'accompagner les salariées victimes de violences intra-familiales, le groupe La Poste s'est attaché les services d'un réseau de 200 assistants sociaux. Et peut également compter sur un collectif de ressources humaines et managers sensibilisés à repérer les indices pouvant révéler le mal-être d'une collaboratrice.

"L'entreprise est un espace sécurisé. Un endroit où la personne victime de violences sait que son agresseur ne sera pas sur son dos. On a donc essayé de maintenir cette espace de sécurité." Invitée de l'émission La France bouge ce mardi, Laurence Hulin a mis l'accent sur l'importance accordée, au sein du groupe La Poste, à l'accompagnement des femmes qui subissent les coups de leur conjoint. La directrice du pôle diversité et égalité des chances de l'entreprise a également dressé une liste de signaux censés alerter quant au mal-être psychologique ressentie par une collaboratrice. 

Car si La Poste peut compter sur un réseau de 200 assistants sociaux, disséminés sur tout le territoire, encore faut-il que ces derniers aient connaissance de la brutalité du quotidien vécue par ces femmes victimes de violence. Au micro d'Élisabeth Assayag, Laurence Hulin assure que le collectif de managers et de ressources humaines, qui compose l'entreprise, est "sensibilisé à identifier les signaux faibles". Autrement dit à détecter certains comportements pouvant révéler le climat de violence dans lequel une salariée peut être plongée. 

"Des humeurs qui se dégradent, des personnes qui ne sourient plus..."

"Ça peut être une baisse d'attention, une baisse de performance, entre guillemets. Mais aussi des arrivées tardives ou un manque de sommeil. Des humeurs qui se dégradent ou des personnes qui ne sourient plus", énumère-t-elle. "Il faut utiliser la méthode des faisceaux d’indices, c’est-à-dire qu’on recoupe plusieurs indicateurs qui semblent montrer que la personne est en danger, sous emprise et qu’il faut lui porter assistance", complète Jean-Claude Delgènes, président fondateur du groupe Technologia.

Et d'étayer son propos par des exemples concrets. "Souvent une femme victime de violences intrafamiliales montre une forme d’hypervigilance lorsqu’elle sort de chez elle, notamment le soir". Autre indice : "Lorsque l'on constate qu'elles sont surveillées ou que quelqu'un vient toujours les chercher à un moment précis le soir". Autant de facteurs censés mettre la puce à l'oreille du manager "qui n'aura pas forcément les clés", tempère Laurence Hulin. "Il faut qu'il ramène cette personne vers les assistants sociaux".

"L'assistant social fait le pont entre l'univers professionnel et personnel"

"Généralement, soit la personne va directement voir l'assistant social, soit ce sont des collègues qui perçoivent quelque chose et qui vont voir l'assistant social ou le manager en disant 'cette personne-là, il se passe quelque chose chez-elle. Ce serait bien que vous la rencontriez'", précise Laurent Hulin.

D'où l'atout non négligeable, dit-elle, de bénéficier d'un réseau de professionnels du secteur, en interne, tous salariés de La Poste. "L'assistant social parle de tout et peut faire le pont entre l'univers professionnel et personnel. Il va recueillir la parole de la personne et la croire. Ils vont pouvoir contribuer à faire prendre conscience à la personne de son statut de victime", conclut-elle.