Homme au couteau tué dans le Val-d'Oise : deux agents de la sûreté ferroviaire mis en examen pour "meurtre"

Une enquête a été ouverte sur l'intervention qui a conduit mercredi à la mort d'un homme armé d'un couteau, près d'une gare du Val-d'Oise.
Une enquête a été ouverte sur l'intervention qui a conduit mercredi à la mort d'un homme armé d'un couteau, près d'une gare du Val-d'Oise. © AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Agés de 27 et 33 ans, les deux agents mis en examen pour "meurtre" ont été laissés en liberté sous contrôle judiciaire. Mercredi, ils ont abattu un homme menaçant armé d'un couteau à proximité de la gare d'Ermont-Eaubonne.

Deux agents de la sûreté ferroviaire qui ont tué un homme menaçant armé d'un couteau mercredi près de la gare d'Ermont-Eaubonne, dans le Val-d'Oise, ont été mis en examen pour "meurtre", a indiqué vendredi le parquet de Pontoise. Agés de 27 et 33 ans, les deux agents appartenant à la Suge, la brigade de la Sûreté ferroviaire de la SNCF, ont été laissés en liberté sous contrôle judiciaire, a ajouté le parquet, indiquant qu'une juge d'instruction était désormais chargée de piloter l'enquête sur les conditions de cette intervention.

Une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux

L'intervention rarissime était-elle "légitime" ? En tout cas, cinq agents au total avaient été immédiatement placés en garde en vue dans les locaux de la police judiciaire de Cergy, pour les besoins de l'enquête après les faits. Trois d'entre eux sont ressortis libres jeudi, les deux autres étant donc mis en examen pour meurtre, un chef d'accusation plus lourd que celui requis par le parquet, qui avait demandé que les faits soient qualifiés en "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Le juge d'instruction devra déterminer si ces agents ont ouvert le feu de manière légitime et proportionnée face à la menace ou si l'intention d'homicide était caractérisée. Une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux mercredi soir, quelques heures après les faits, dévoile en partie, et sous un seul angle de vue, la scène finale de cette chasse à l'homme. Refusant de se faire interpeller, un homme en pantalon gris et doudoune noire, une arme blanche à la main, va et vient près d'un groupe de onze enfants et deux accompagnateurs, non loin d'un centre de loisirs.

Visiblement véhément mais aussi confus, il tournoie autour du groupe apeuré, qui parvient à s'éloigner en courant. L'homme a alors marché dans leur direction avant d'être abattu par les agents de la Suge, la brigade de sûreté ferroviaire de la SNCF. Visé par cinq tirs, il est atteint par quatre balles et décède peu après les faits malgré l'intervention des secours. Plus tôt dans l'après-midi, vers 15 h 45, l'individu avait d'abord brandi son couteau vers des voyageurs qui attendaient leur train sur le quai de la gare d'Ermont-Eaubonne. L'équipe de la Suge l'avait poursuivi en dehors du bâtiment, jusqu'à ce que l'homme tombe nez-à-nez avec le groupe d'enfants près du centre de loisirs.

"Il a dit 'tuez-moi ou je vais en tuer un'"

"Il s'est montré extrêmement menaçant" envers les enfants, ce qui a poussé les agents à intervenir, avait expliqué mercredi un porte-parole de la SNCF. "Il a touché des enfants" mais pas avec son couteau, ne faisant aucun blessé, a indiqué une source proche de l'enquête. "Il a dit 'tuez-moi ou je vais en tuer un'. On est passé à deux, trois secondes de la catastrophe." Âgé de 36 ans, l'homme est décrit par une source policière comme "de type marginal", connu défavorablement des services avec une quinzaine de mentions, notamment pour violences". Dernière adresse connue : l'hôtel social.

Une autopsie a été menée vendredi, mais les résultats n'avaient pas été rendus en début de soirée, selon une source proche du dossier. Dans des communiqués distincts, les syndicats FO et UNSA Ferroviaire ont apporté le lendemain des faits leur "soutien plein et entier" aux agents impliqués, saluant leur "professionnalisme". La fédération CGT des cheminots a déclaré vendredi que les agents avaient agi "dans le cadre de leurs prérogatives et des dispositions prévues par la loi" et qu'ils font souvent face à des situations "difficiles".