Le pape François et François Hollande en 2014. 7:42
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A.D , modifié à
Durant leur entrevue, les deux hommes devraient traiter notamment de l'assassinat du père Hamel. Leur rapprochement est aussi politique, dans un contexte international très durci.

François Hollande a rendez vous mercredi après-midi et à sa demande avec le pape François, au Vatican. Une rencontre au sommet qui n'a eu pour l'instant qu'un seul précédent. Odon Vallet, historien des religions, était l'invité d'Europe 1 pour décrypter le contexte et les enjeux de ce face-à-face.

Nouvelles préoccupations. Leur dernier échange date d'il y a deux ans. "Le climat était un peu tendu. C'était au moment du fameux mariage pour tous. Cela ne plaisait pas beaucoup à l'Eglise catholique. Ensuite, il y a eu un problème avec l'ambassadeur de France au Vatican. Tout cela est terminé, il y a un nouvel ambassadeur et la question du mariage pour tous est ancienne. Par contre, ce qui est nouveau, ce sont les préoccupations du Vatican au sujet des chrétiens du Proche-Orient." L'historien évoque également le sujet des migrants. "La France en accueille, pour le pape François, c'est très important". Le terrorisme et l'assassinat du père Hamel devraient également être abordés lors de la rencontre, précise Odon Vallet.

"Le terrorisme rapproche croyants et non croyants". Trois semaine après l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, les relations entre les deux hommes ont un peu évolué. "Ils se sont téléphonés" et se sont retrouvés autour de "l'hommage au mort', indique l'historien. "Il y a eu un retentissement médiatique énorme. On parle du père Hamel comme d'un futur martyr de la foi, cela a rapproché le président Hollande réputé laïc et le pape François. On peut penser que l'entrevue se déroulera dans un climat serein et amical." L'audience est annoncée comme privée, c'est à dire qu'il ne s'agit pas d'une visite d'Etat. "Cela se déroulera dans un local très simple, dans la résidence Sainte-Marthe où habite le pape. Il y aura beaucoup moins de protocole, la forme sera allégée, le fond sera l'essentiel. On peut penser que le pape voudrait mieux connaître la France. La menace commune du terrorisme rapproche ceux qui croient au Ciel et ceux qui n'y croient pas."

Un rendez-vous politique et d'union. L'historien ne pense pas toutefois que ce rapprochement pourrait ramener l'électorat catholique vers François Hollande en vue de 2017. "Les catholiques français votent à droite, et de plus en plus à l'extrême droite." Quant au pape François, Odon Vallet le voit "plus à gauche que les ministres du gouvernement et que François Hollande. Cette dimension sociale n'est pas pour déplaire à François Hollande. Il se dit qu'être bien avec le pape le plus social jamais eu dans l'Histoire n'est pas mauvais pour [son] image." Cet échange de bons procédés fait de cette entrevue un moment très politique, pense l'historien qui voit bien le Saint-Père se dire qu'être "en bons termes avec la France, qu'on appelait autrefois fille aînée de l'Eglise, n'est pas mal non plus. On sent bien qu'on ne peut plus se payer le luxe des divisions parce que le contexte international nécessite une union sacrée."