"Gilets jaunes" : qui est Christophe Dettinger, l’ancien boxeur soupçonné d’avoir frappé deux gendarmes ?

Christophe Dettinger est soupçonné d'avoir violemment frappé deux gendarmes.
Christophe Dettinger est soupçonné d'avoir violemment frappé deux gendarmes. © Capture d'écran Facebook
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L’ancien boxeur, champion de France en 2007 et en 2008, est soupçonné d’avoir frappé deux gendarmes lors de "l’acte 8" des "gilets jaunes", samedi. Il risque une lourde condamnation.

Un grand gaillard, bonnet noir vissé sur la tête, en train de frapper à mains nues des gendarmes, forcés de reculer sur une passerelle en plein Paris… Cette séquence, filmée samedi lors de "l’acte 8" des "gilets jaunes", est devenue virale sur les réseaux sociaux. Rapidement, ce manifestant est identifié comme Christophe Dettinger, un ancien boxeur professionnel, champion de France en 2007 et en 2008. Ce colosse d’un mètre 92 a été placé en garde à vue lundi, après s’être présenté de lui-même à la police

"Je me suis fait gazer avec ma femme, samedi. A force de se faire taper, la colère monte en moi. J'ai mal réagi, oui, mais je me suis défendu", s’est justifié l’ancien boxeur, âgé de 37 ans, dans une vidéo tournée avant sa garde à vue et diffusée lundi sur les réseaux sociaux. 

Un ancien champion de France

Originaire d’une famille de la communauté des gens du voyage, Christophe Dettinger a commencé la boxe à l’âge de 15 ans dans l’Essonne, en région parisienne. Il devient professionnel en 2004 et gagne le surnom de "gitan de Massy", comme le raconte L’Equipe. Trois ans plus tard, il est sacré champion de France des lourds-légers (moins de 90,718 kilos), un titre qu’il conservera en 2008. Un reportage de France 3 le présente même comme la "possible future vedette française de la boxe pro". "Mes ambitions sont de garder mon titre et d’aller encore plus loin", déclare alors Christophe Dettinger.

Sa carrière subit cependant un premier coup d’arrêt avec une défaite en mai 2008. Il raccroche finalement les gants en 2013, avec un bilan honorable de 18 victoires, 1 nul et 4 défaites. De lui, ses anciens entraîneurs ont tous gardé un excellent souvenir. Alors forcément, le monde de la boxe est sous le choc. "C'est toujours embêtant d'assimiler des actes de violence à notre sport, alors qu'on prône des valeurs de respect de l'individu et des règles. Tout cela est bafoué avec ces actes", s'est désolé sur Europe 1 Patrick Wincke, directeur technique national (DTN) et directeur général de la Fédération française de boxe.   

Un employé de mairie, père de trois enfants

Parallèlement à sa carrière de boxeur, Christophe Dettinger a travaillé à la mairie de Massy, où il s’occupait de la maintenance des équipements sportifs, selon Le Parisien en 2013. Ce père de famille de trois enfants, deux jumelles et un garçon, est actuellement employé au service entretien de la municipalité de Brétigny-sur-Orge, où il réside. "Il était gentil, très très respectueux. J'étais à son mariage, il a été au mien. Ce garçon-là, [sa vie] c'est sa petite famille, ses enfants, sa femme, le travail, voilà Christophe", se souvient son ancien entraîneur, Jacky Trompesauce, interrogé sur Europe 1.

Mais alors, pourquoi s’en est-il pris aussi violemment aux forces de l’ordre (un gendarme, frappé par l'ex-boxeur, s'est vu prescrire huit jours d'incapacité totale de travail), samedi à Paris ? "S’il a fait ça, je ne peux qu'associer ça à un garçon qui a vu de l'injustice, c'est-à-dire des femmes, des retraités se faire gazer, se faire taper. C'est tout", affirme son ex-coach. Christophe Dettinger a justifié son geste lundi, dans une vidéo mise en ligne quelques heures après son interpellation. "Je me suis fait gazer avec ma femme samedi. A force de se faire taper, la colère monte en moi. J'ai mal réagi, oui, mais je me suis défendu", a avancé l’ancien boxeur, qui risque jusqu'à sept d'ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende.

Un "gilet jaune" assumé  

Dans cette vidéo, Christophe Dettinger explique également les raisons de son ralliement aux "gilets jaunes", un mouvement qu'il a rejoint depuis le début (il a participé aux huit manifestations parisiennes). "Je suis un citoyen normal, je travaille et je finis mes fins de mois difficilement. Je manifeste pour tous les retraités, le futur de mes enfants, les femmes célibataires… Je suis un "gilet jaune". J'ai la colère du peuple en moi. Les politiques se gavent sur notre dos et ils ne montrent pas l'exemple", assure-t-il, précisant qu’il n’est "ni d’extrême gauche ni d’extrême droite". Selon un journaliste de France Inter, l’ancien boxeur s’est pourtant fendu "de commentaires homophobes volontiers complotistes et violemment anti-Macron" sur sa page Facebook. Des publications qu’il n’est plus possible de voir aujourd’hui, son compte ayant été nettoyé.

De nombreuses pages de "gilets jaunes" sur les réseaux sociaux ont en tout cas érigé Christophe Dettinger en symbole. Une cagnotte en ligne a même été lancée lundi sur un site de crowdfunding, en soutien à l’ancien boxeur. En fin d’après-midi, plus de 37.000 euros avaient été collectés.