Gilets jaunes : l’ex-boxeur Christophe Dettinger réclame trois millions d’euros à Leetchi

Christophe Dettinger réclame plus de trois millions d'euros à la plateforme Leetchi pour la cagnotte de soutien.
Christophe Dettinger réclame plus de trois millions d'euros à la plateforme Leetchi pour la cagnotte de soutien. © Capture d'écran Facebook
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L'ancien boxeur Christophe Dettinger, condamné pour avoir frappé deux gendarmes lors de l'"acte 8" des "gilets jaunes", a assigné la plateforme Leetchi pour lui réclamer le versement de plus de trois millions d'euros.

L'ancien boxeur Christophe Dettinger a fait délivrer mercredi une assignation à Leetchi devant le tribunal de Paris. Sa femme et lui réclament 3.120.768 euros de dommages et intérêts à la plateforme, selon un calcul réalisé à partir des gains enregistrés pendant que la cagnotte en ligne qui lui était destinée était encore ouverte. Cette cagnotte avait été ouverte sur la plateforme en ligne pour soutenir l'ancien boxeur, condamné pour avoir frappé deux gendarmes lors de l'"acte 8" des "gilets jaunes", avant d'être clôturée. L'avocate de Christophe Dettinger, Me Laurence Léger, a dénoncé un "scandale" piloté par "des amis politiques" au micro d'Europe 1 jeudi.

Une cagnotte particulièrement critiquée

Condamné, le 13 février, à un an de prison ferme pour avoir frappé deux gendarmes lors de l'"acte 8" des "gilets jaunes" à Paris le 5 janvier, Christophe Dettinger estime qu'il aurait dû bénéficier de cette somme si Leetchi n’avait pas clôturé, au bout de deux jours, la cagnotte de soutien créée par un de ses proches. Celle-ci avait rapidement atteint 145.000 euros et déclenché une immense polémique.

Le syndicat de police Alliance avait vivement critiqué cette cagnotte, jugée "déplacée" par le porte-parole qui avait rappelé sur Europe 1 que les gendarmes frappés par l'ancien boxeur s'étaient vu prescrire 15 et deux jours d'ITT. La secrétaire d'État pour l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa avait demandé à Leetchi de "suspendre cette cagnotte" arguant que "soutenir cela, c'est être complice de cet acte et encourager [les violences]". Une cagnotte concurrente avait été lancée en soutien aux gendarmes et policiers blessés lors des manifestations.

Une somme qui aurait pu atteindre les trois millions d'euros, selon l'ancien boxeur

Deux jours après l'ouverture de la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger, la plateforme Leetchi l'a clôturée et bloqué le versement des fonds récoltés au titre que l'organisateur n'avait pas respecté les conditions générales du site. En effet, cet ami de l'ancien boxeur souhaitait faire verser la somme directement au couple et non aux avocats chargés de défendre Christophe Dettinger comme cela était mentionné au départ.

Après la condamnation de son client, qui a obtenu un aménagement de peine, Me Laurence Léger estime désormais que Leetchi doit rendre l'argent bloqué. "On a obtenu 145.000 euros en 48 heures, c'est-à-dire 70.000 euros par jour. La cagnotte a été ouverte deux jours au lieu des 45 prévus donc 70.000 fois 43, ce qui donne trois millions d'euros", a-t-elle détaillé au micro d'Europe 1. Ce calcul, qui aboutit à la somme précise de 3.120.768 euros, apparaît clairement dans l'acte d'assignation qu'Europe 1 a pu consulter.

Leetchi aurait cherché à "faire plaisir à des amis politiques"

En dehors de la somme réclamée, l'avocate tient à dénoncer un "scandale" aux allures de pressions politiques. "Cela ne veut pas dire qu'on obtiendra trois millions d'euros, c'est à l'appréciation du juge. Mais [cette assignation] sert à montrer qu'il y a un vrai scandale derrière cela", a-t-elle affirmé. "On est effectivement face à des sommes importantes et dans un préjudice réel qui s'appelle la perte de chance en droit civil. L'attitude de Leetchi est véritablement scandaleuse dans cette affaire. Ils ont obéi au pouvoir politique. On ne fait pas ce qu'on veut, Leetchi a un contrat avec l'organisateur de la cagnotte. Elle ne peut pas, à tout moment et pour faire plaisir à des amis politiques, s'asseoir sur le Code civil. Et on ne peut pas unilatéralement, sans en informer personne, changer les règles en cours de route."

Au moment de la clôture de la cagnotte, Leetchi s'était défendu de toute pression politique. "On n'a reçu aucune pression du gouvernement ou de n'importe quelle instance pour clôturer cette cagnotte", avait alors déclaré Benjamin Bianchet, le directeur général de Leetchi, sur Europe 1, invoquant des procédures internes, appliqués à tous les types de cagnottes. La plateforme avait d'ailleurs saisi la justice pour déterminer les conditions dans lesquelles pourra intervenir le versement. Un premier rendez-vous est prévu au tribunal de grande instance d'Evry, dans l'Essonne, vendredi matin.