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Les mains moites, la voix qui tremble, le cœur qui bat… Flavie, 21 ans, a le trac à chaque fois qu’elle doit s’exprimer en public. Cette angoisse, qu’elle explique à Eve Roger sur Europe 1, a un nom bien précis : la glossophobie.
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Flavie a 21 ans, et depuis le collège, a une peur bleue de s’exprimer en public. Du refus d’aller au tableau lorsque ses professeurs le lui demandaient, à l’angoisse à l’idée de perdre ses mots lors d’un simple appel téléphonique… La jeune femme explique que la peur "de ne pas réussir à parler" peut la paralyser. Lundi au micro d’Europe 1, elle brave son trac pour raconter à Eve Roger comment sa glossophobie l’affecte au quotidien.

"Au moment où je vous parle je suis un peu angoissée, j'ai le cœur qui bat un peu vite. Je pense que ma peur s’est manifestée au collège, parce qu’avant ça, quand on est petit, on n’est pas forcément très timide. C’est vraiment au moment du collège où il faut qu’on aille au tableau, par exemple, et c’est tout de suite plus difficile. J’ai d’ailleurs plusieurs fois refusé d’y aller. Je suis restée sur ma chaise, parce que je ne pouvais pas me lever. Le plus souvent, je disais à mon professeur que je n’arrivais pas à faire l’exercice qu’il voulait que je fasse au tableau, plutôt que de lui dire que je ne pouvais pas me lever et que je ne voulais pas voir tous mes camarades me regarder.

En parlant à l’oral, ce qui m’angoisse, c’est le fait de ne pas réussir à parler, le fait que tout le monde me regarde et que je sois jugée. À l’époque, j’avais peur qu’on se moque de moi, surtout qu’au collège, c’est là où on affronte les premières moqueries, donc c’était compliqué. Je pense que certains de mes enseignants croyaient vraiment que je ne savais pas faire l’exercice en question, mais que d’autres comprenaient que j’étais très timide et ils ne me forçaient pas à aller au tableau.

Les professeurs ne sont pas vraiment formés pour faire face à cette angoisse, ils ne savent pas comment réagir quand un élève reste accroché à sa chaise. Je pense aussi que de voir tant de résistance de la part d’un élève peut les déstabiliser, ils peuvent prendre ça pour de l’insolence. Personnellement, quand je restais sur ma chaise, je me sentais à la fois en sécurité, parce que plus personne ne me regardait, mais j’étais aussi un peu honteuse, parce que j’avais dû mentir pour rester à ma place.

"J'ai toujours mon petit carnet sur moi"

Ensuite j’ai fait de la danse, mais j’avais le même problème : la peur de monter sur scène et que tout le monde me voie, alors que c’est tout le but du spectacle de danse. Donc là aussi, un jour je devais présenter un spectacle et je ne l’ai pas fait parce qu’à la dernière minute je me suis enfuie. J’ai paniqué et j’ai donné ma place à quelqu’un d’autre. Il ne s’agissait que de la présentation, ce n’était rien du tout, mais sur le coup ça m’a fait peur. J’avais un peu honte et puis j’étais surtout déçue de ne pas m’être forcée à le faire.

J'ai une double peur du jugement, sur mon corps mais aussi ce que j’avais à dire, d’autant plus que j’ai tendance à avoir la voix qui tremble quand j’angoisse, ou à bégayer et j’avais justement peur qu’on me juge là-dessus.

Pour surmonter ces angoisses, au moment où je vous parle, je fais des tours sur moi-même, ça me relaxe. Mais de manière générale, à chaque fois que je dois faire un discours ou que je passe un entretien, j’essaie d’écrire ce que je vais dire à l’avance, pour ne pas me perdre. J’ai toujours mon petit carnet sur moi. Même pour appeler EDF, je dois écrire ce que je vais leur demander. Donc je n’angoisse pas seulement de parler en public, mais tout simplement quand je dois parler à quelqu’un que je ne connais pas. J’ai peur d’oublier, de ne plus retrouver mes mots et donc de bloquer."