Père Hamel 1:38
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avec AFP , modifié à
Le procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray s'est achevé mercredi matin devant la cour d'assises spéciale de Paris avec les derniers mots des accusés, marqués par le "pardon" réitéré de deux d'entre eux. Le verdict est attendu dans la journée.

Le procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray s'est achevé mercredi matin devant la cour d'assises spéciale de Paris avec les derniers mots des accusés, marqués par le "pardon" réitéré de deux d'entre eux. 

"Je me suis déjà excusé"

Premier à s'exprimer, Yassine Sebaihia a très brièvement assuré qu'il n'avait "jamais voulu participer à un attentat" et "jamais voulu partir en Syrie". "J'ai été peiné par ce qui est arrivé", a ajouté le jeune homme de 27 ans, affirmant avoir opéré un "changement radical de direction" dans sa vie, en reprenant des études, et vouloir "vivre (sa) vie sereinement comme tout le monde".

Le troisième accusé Farid Khelil est fidèle à lui-même, plus volubile. Il répète, sa sensation d’être un homme nouveau, changé par ses six ans de détention. Ses yeux ne quittent presque jamais ceux, bleus et perçants de Roseline, la sœur du prêtre assassiné. Sa voix tremble, s’interrompt parfois comme pour étouffer un sanglot lorsqu’il évoque son fils de 9 ans et sa fille de 5 ans, atteinte d’autisme, qu’il ne voit presque plus depuis qu’il est en prison. Il reprend :  "Je vous ai demandé pleins de fois pardon, ce ne sont que des mots, mais je vous demande de garder foi en moi… Je vous demande une seconde chance."

Farid Khelil, cousin d'un des deux assassins du père Hamel, assure vouloir joindre "les gestes à la parole" et devenir "un bon père, un bon citoyen". Il affirme que "l'humanisme" du rescapé de l'attentat, Guy Coponet, et "la force" de la soeur du prêtre assassiné, Roseline Hamel, représente "quelque chose qui (le) marquera à vie".

Aujourd'hui âgé de 36 ans, il ajoute avoir "entendu" le message que lui a transmis l'une des religieuses présentes dans l'église le 26 juillet 2016, soeur Danielle, "Lève toi, sois un homme": "Ça fait six ans que je me redresse. Il me reste encore beaucoup de chemin".

De sept à quatorze ans de prison requis

Il conclut en demandant à la cour de lui accorder "une deuxième chance". "Vu notre situation, on pourra jamais assez leur demander pardon", souligne à sa suite Jean-Philippe Jean Louis, à propos des victimes.

"On est tous reliés par ce qu'on a vécu dans cette salle. Chaque jour je pense à vous", assure-t-il. Le jeune homme de 25 ans "remercie" les parties civiles pour l'absence de "paroles de haine" pendant les près de quatre semaines d'audience et assure avoir pris "comme des paroles d'éducation" les propos parfois "un peu véhéments" de leurs avocats.

Les deux auteurs de l'assassinat, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, ont eux été tués par la police à leur sortie de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).

Le verdict doit être rendu dans l’après-midi. En début de semaine, les avocates générales ont requis entre 14 et 7 ans de prison pour les trois accusés, avec un suivi socio-judiciaire de cinq ans pour d’eux d’entre eux.