Dans les salles de sport, les usagers regrettent une mesure trop radicale. Photo d'illustration. 1:15
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Lionel Gougelot avec Pierre Herbulot, édité par Antoine Terrel , modifié à
Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la fermeture des salles de sport et des gymnases dans les onze métropoles en "zone d'alerte renforcée". Alors que ces établissements avaient déjà mis en place un strict protocole sanitaire depuis leur réouverture, cette décision est perçue comme trop radicale. 
REPORTAGE

De nombreux usagers ont été pris de court. Parmi les nombreuses mesures draconiennes dévoilées mercredi pour tenter de freiner le rebond de l'épidémie de coronavirus, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la fermeture des salles de sport et des gymnases dans les onze métropoles en "zone d'alerte renforcée" à partir de lundi. Dans les centres de fitness et au sein des équipes de sports exerçant dans les gymnases, on ne cache pas son incompréhension face à une décision jugée trop radicale.

À l'entrée d'une salle de sport lilloise, où Europe 1 s'est rendue, la liste des recommandations sanitaires est déjà impressionnante : distanciation, désinfection, réservation obligatoire, etc. Et sur place, les adhérents ne se sentent pas réellement menacés par les risques de contamination. "En général, tout le monde joue le jeu, tout le monde nettoie sa machine. Les distances sont respectées, les masque sont mis, cela ne pose pas de problème", témoigne un usager. 

À l'accueil, Emmanuel estime lui que cette décision de fermer stigmatise les salles de sport, alors que les règles sont particulièrement strictes. "On prend beaucoup de mesures ici par rapport à l'hygiène. On leur impose des règles, des conditions, on garde la distanciation, on fait en sorte que les adhérents puissent nettoyer leurs machines, amener leur serviette", assure-t-il. Et d'ajouter : "Certes, il y a une montée du virus, mais de là à ce que l'Etat nous bloque de cette façon, ça c'est dur".

Etudiante, Camille est très déçue de devoir se passer de ses séances de sport, essentielles selon elle pour oublier le contexte anxiogène de l'épidémie. "C'est dommage. Le sport, on en a vraiment besoin pour vivre, pour se défouler, oublier notre anxiété face au coronavirus", réagit-elle. "La situation est anxiogène et le sport me permet de me défouler." Concernant l'organisation de sa salle, la jeune femme estime que les gérants "ont pris toutes les mesures qu'ils pouvaient". "Je ne comprends pas du tout pourquoi c'est fermé". 

"C'est un coup au moral"

L'ambiance n'est pas meilleure dans les gymnases, eux aussi concernés par les nouvelles règles. Dans le club de basket de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, c'est donc l'heure du dernier entraînement, à peine trois semaines après le début de la saison. Le responsable du club, Julien, n'est pas en colère, mais résigné. "On verra ce qu'il se passe dans la suite de la saison, en espérant que ça ouvre assez rapidement", dit-il. "C'est comme ça, on pas trop le choix. On va espérer que ça dure pas comme l'année dernière où ça a nous a coupé toute la saison complètement."

Pour les licenciés, c'est la douche froide. "Après tout ce qu'on a fait, la préparation physique, tout ça nous casse. On est déçus", regrette un sportif. "C'est triste, c'est un coup au moral. On ne s'y attendait pas du tout", dit une autre. 

Pourtant, selon les encadrants, les entraînements avaient bien été adaptés pour éviter toute contamination, raconte Florence, qui entraîne les cadettes. "On devait désinfecter les ballons, se passer les mains au gel sans arrêt, les joueuses ne devaient pas se rapprocher", énumère-t-elle. "On les respectait, on a tout appliqué dans les normes."