Gastronomie : minoritaires, les cheffes veulent faire bouger les lignes

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Women Do Wine fait partie des associations qui aident les femmes à percer dans le milieu de la gastronomie. © CARL DE SOUZA / AFP
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Elles gagnent 24% de moins que les hommes et ne représentent que 5% des chefs étoilés du célèbre Guide Michelin : dans les métiers de bouche aussi les femmes subissent les comportements sexistes de leurs homologues ou supérieurs hiérarchiques masculins. Depuis les années 2010, de nombreuses initiatives se font les porte-voix des femmes sur la scène culinaire mondiale.

Quand ils parlent de leur passion pour la cuisine, il n’y a pas un chef qui n'évoque des souvenirs d'enfance autour de leur mère ou de leur grand-mère. Pourtant, le milieu de la gastronomie reste un milieu parmi les plus sexistes qui soient. Les chiffres sont parlant. Les femmes y sont sous-payées, avec un écart de salaire de l’ordre de 24%. Elles bénéficient de moins de reconnaissance dans les guides gastronomiques : elles représentent par exemple moins de 5% des chefs étoilés du Guide Michelin. Pire, elles sont victimes de harcèlement, comme en témoigne le compte Instagram "Je dis non chef !", qui compile des histoires atterrantes sur leur quotidien en cuisine.

"A une certaine époque on ne voyait pas beaucoup de femmes en cuisine, ça a évolué", observe Christian Constant, chef étoilé originaire du Sud-Ouest et ancien juré de l'émission Top Chef sur M6. "Or la cuisine part des femmes : c’est ma mère qui faisait la cuisine à la maison, c’est elle qui m’a transmis cette passion. Dans les cuisines, les femmes ont une petite touche de plus que les hommes, elles arrivent à donner envie, les goûts sont parfaits, elles aiment la pâtisserie."

Elles inventent de nouveaux styles culinaires pour se faire une place

Moins récompensées que les hommes, beaucoup de cheffes trentenaires ont inventé de nouveaux styles culinaires pour tracer leur propre voie, comme la californienne Kristin Frederick, première cheffe à avoir lancé un food truck en France en 2011, Le Camion qui fume. Son enseigne est devenue une référence pour les Parisiens férus de burgers. Aujourd’hui, elle se lance dans un nouveau projet : GreenHouse, un restaurant bar à vins naturels et où on retrouve dans son assiette des produits issus de son propre potager. D’autres, comme Chloé Charles ou Céline Pham, également très connues de la scène culinaire parisienne, ont misé sur la cuisine dans les restaurants éphémères.

Depuis quelques années, les initiatives ne cessent de se multiplier, comme Cul de poule, qui raconte le quotidien des femmes dans les métiers de bouche, ou Women Do Wine, une association qui réunit plusieurs centaines de vigneronnes, sommelières, cavistes et blogueuses dans 13 pays. Un forum gastronomique international a également vu le jour en 2015 : Parabere, fort de plusieurs milliers de femmes à travers 60 pays. A l’origine de cet événement : Maria Cabanal, journaliste spécialisée dans l’art de vivre et auteure de plusieurs livres de cuisine primés. L’année prochaine la 6e édition du Para Béret se tiendra à Paris et sous le haut patronage de l’Etat.