Faible mobilisation pour les rassemblements contre la loi "Sécurité globale"

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Des canons a eau ont été utilisés contre les manifestants sur la place de la République à Paris. © Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP , modifié à
Effet du Covid-19, essoufflement de la mobilisation ou mots d'ordre trop hétéroclites? Les rassemblements contre la proposition de loi "Sécurité globale", combattue depuis novembre par les défenseurs des libertés publiques et les syndicats de journalistes, n'ont pas fait le plein samedi.

Sur l'ensemble de la France, les manifestations contre la proposition de loi dite "Sécurité globale" ont rassemblé 32.770 personnes, selon les chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur samedi dans la soirée. C'est loin de l'affluence de la plus importante journée de mobilisation, le 28 novembre, qui avait rassemblé 500.000 personnes dans le pays selon la coordination, 133.000 selon le gouvernement. "La mobilisation est compliquée avec le Covid mais pour autant, beaucoup estiment qu'il s'agit d'une loi liberticide", a assuré à l'AFP Dominique Besson-Milord, secrétaire départementale de la CGT, à Rennes, où 800 personnes se sont rassemblées, selon la préfecture.

"On sait bien qu'au bout d'un moment, il y a moins de monde", a pour sa part analysé Paul Garrigues, coprésident de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de Dijon, au milieu de quelques centaines de manifestants. "C'est le dixième événement, et les gens ne lâchent pas, c'est déjà ça", a voulu retenir Jean Latasse, militant d'Amnesty International à Strasbourg, où 300 personnes étaient présentes selon la police. "Le plus important, c'est d'acter notre présence. Même si on n'est pas beaucoup, il faut montrer qu'on est là", a renchéri Frédéric, qui a manifesté à Lille avec 800 personnes, selon la préfecture.

Une "convergence des luttes" ?

Dans le viseur des manifestants, le texte sur la "Sécurité globale" présenté cet automne, et notamment son article 24 qui pénalise la diffusion malveillante d'images de membres des forces de l'ordre. Une mesure défendue par le gouvernement pour qui elle vise à protéger les policiers victimes d'appels à la haine et au meurtre sur les réseaux sociaux, mais qui empêcherait selon ses détracteurs de filmer les forces de l'ordre en intervention et de documenter les violences policières.

Le collectif "#StopLoiSécuritéGlobale" a été lancé par des syndicats de journalistes et la Ligue des droits de l'Homme. Il est soutenu par les représentants du monde de la culture, mis à rude épreuve par la pandémie de Covid, et par les teufeurs adeptes des "free parties" techno, qui s'estiment visés par une répression policière abusive après la rave de Lieuron (Ille-et-Vilaine) au Nouvel an. Mais à Bordeaux, la fusion de deux rassemblements distincts, celui contre la Sécurité globale et celui, plus important, pour les free parties, a laissé perplexes certains participants, qui se demandaient aux côtés de qui exactement ils manifestaient.

Des heurts place de la République à Paris

Dans la capitale, où des "gilets jaunes" partis de la place de la Nation ont rejoint le mouvement place de la République, les manifestants étaient environ 5.000, selon le ministère de l'Intérieur. Vers 17 heures, une heure avant le couvre-feu imposé par le Covid, des heurts ont éclaté entre une cinquantaine de jeunes, principalement de la mouvance ultra gauche, et les forces de l'ordre, alors que les organisateurs avaient annoncé la dispersion. Après des jets de projectiles, les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau. La place a finalement été évacuée vers 17h30. Vingt-huit personnes ont été interpellées à Paris, selon le ministère.

Le collectif "#StopLoiSécuritéGlobale" cible également les articles 21 et 22 de la proposition de loi, sur l'usage des caméras-piétons et des drones par les forces de l'ordre. Il s'oppose aussi au "nouveau schéma national du maintien de l'ordre" (SNMO), régulièrement invoqué par les forces de l'ordre pour limiter la couverture médiatique des manifestations. "C'est un tout, c'est une volonté de contrôler les images", a affirmé Vincent Lanier, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ). "On est sur un maintien de la mobilisation jusqu'en mars au moment du passage du texte devant le Sénat", a-t-il ajouté.