Les Français font de plus en plus attention à leurs dépenses. 1:34
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Inès Zeghloul, Geoffrey Branger, Caroline Baudry édité par Gauthier Delomez / Crédits photo : Adrien Fillon / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
L'inflation pèse sur les ménages français. Dans une étude de l’Ifop pour MonPetitForfait qu'Europe 1 dévoile, près d'un tiers des Français interrogés expliquent qu'ils doivent vivre avec une centaine d'euros par mois dès le 10 du mois, une fois toutes les dépenses du quotidien prélevées. Cette flambée des prix a aussi des répercussions sur la santé mentale des consommateurs.

Près d'un tiers des Français doivent vivre avec une centaine d'euros par mois dès le 10 du mois, une fois toutes les dépenses du quotidien prélevées. C'est l'une des conclusions d'une étude sur l'inflation réalisée par l'Ifop pour MonPetitForfait, et qu'Europe 1 vous révèle. Celle-ci montre que les Français se serrent la ceinture, au sens propre comme au sens figuré. Dans le détail, plus d'une personne sur deux a réduit ses dépenses alimentaires ces 12 derniers mois. Aussi, les Français mangent moins : la majorité des interrogés avouent sauter des repas régulièrement ou occasionnellement.

Comment finir le mois ? La question hante Maxime. Comme plus d'un Français sur deux, cet antiquaire parisien de 26 ans a réduit ses dépenses alimentaires. "Tu manges pas forcément ce que tu aimes le plus ou tu manges de moins bonne qualité. Ça ajoute énormément sur le moral. Tu as l'impression que tu ne peux plus te faire plaisir", témoigne-t-il.

"On a un peu plus peur de l'avenir"

Au micro d'Europe 1, des Français évoquent ces conséquences de l'inflation sur leur moral. "Tout a augmenté : les loisirs ont augmenté, le cinéma a augmenté... Forcément, on y va moins, on réfléchit plus à ce qu'on achète, on regarde plus les prix, notamment au kilo. On pense différemment", explique un Parisien. "Avant, j'achetais peu en gros volume, et puis on se débrouillait à peu près, et maintenant on compte le nombre de repas", appuie une passante.

Un autre consommateur souligne qu'il achète "moins de viande et moins de poisson parce que c'est ce qui coûte le plus cher aujourd'hui". "On a un peu plus peur de l'avenir parce qu'on ne sait pas de quoi il est fait", ajoute-t-il. 

Outre les repas, certains font une croix sur le bien-être, les loisirs, la salle de sport... Deux-tiers renoncent parfois à aller chez le coiffeur, et les économies se font aussi sur le plan médical : les rendez-vous chez le médecin sont deux fois plus nombreux à être reportés qu'il y a une quinzaine d'années. "Je vais un peu moins au restaurant", avance une Parisienne, qui estime y aller une fois par mois au lieu de deux. "Quand on sort moins ou qu'on se prive parfois, ça nous rend un peu triste", admet-elle.

Des répercussions sur la santé mentale

L'inflation a également des répercussions sur la santé mentale des Français, souligne cette étude de l'Ifop. Au 10 du mois, près d'un Français sur deux se retrouve avec un reste à vivre de 200 euros. La flambée des prix provoque donc une anxiété financière, avec cette peur de ne pas pouvoir payer ses charges, ne pas sortir avec des amis au restaurant ou au cinéma par exemple. Tout cela amène de la solitude, un sentiment de déclassement ou une détresse psychologique. Des symptômes allant jusqu'aux pensées suicidaires qui, selon l'Ifop, touchent deux fois plus ceux qui se privent.

Selon Jacques Borgy, psychologue, l'impuissance face à la hausse des prix et la perte du pouvoir d'achat crée une forme d'angoisse existentielle. "Tout ce qui vient dire que quelque chose peut être perdu va venir rencontrer le risque majeur de perte qui est celui de perdre la vie. Votre pouvoir d'agir est complètement inhibé, le pouvoir de dire 'qu'est-ce qui va m'arriver ?'." Une interrogation à laquelle le gouvernement ne répond pas. Selon Jacques Borgy, le dispositif "Mon parcours psy" est inutile et illisible. Le spécialiste réclame de l'argent pour les structures publiques avec un accès direct aux soins psychiques.