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Estelle, 37 ans, ne s'épile plus : "C'est devenu un geste important de garder mes poils"

Anaïs Huet . 3 min

Il y a un peu plus d'un an, Estelle a fait le choix de jeter à la poubelle rasoirs, crèmes dépilatoires et cire. Elle a décidé de garder ses poils, et de se délester des normes sociales imposées aux femmes. Elle en a parlé à Olivier Delacroix vendredi.

S'épiler est loin d'être un moment de plaisir pour les femmes. Et pourtant, presque toutes s'y astreignent, plusieurs fois par mois, dépensant de petites fortunes en rendez-vous chez l'esthéticienne ou en produits dépilatoires. Estelle, 37 ans, s'est délestée de ce poids. Il y a un peu plus d'un an, elle a fait le choix de ne plus s'épiler et d'arborer fièrement ses poils, qui n'ont rien de moins naturels que ceux des hommes. Elle a raconté sa démarche à Olivier Delacroix, vendredi, sur Europe 1.

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"On est beaucoup de femmes en France à devoir nous épiler, on doit être 95 à 98%. Et on ne se pose pas la question de savoir s'il s'agit d'un réel choix personnel. On n'en parle quasiment pas.

Pendant 20 ans, j'ai été contrainte de m'épiler. J'ai arrêté de le faire il y a un peu plus d'un an, dans le cadre de mes questionnements personnels. Mais aussi par rapport à mon métier d'artiste clown. En effet, les questions autour du corps m'intéressent grandement. À force de prises de conscience, je me suis lancée le défi d'arrêter de m'épiler pendant un an maximum. Mais au final, je continue. C'est devenu un geste important de garder mes poils puisqu'on voit peu de représentations de femmes avec des jambes poilues.

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>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Maintenant, j'accepte mon corps comme il est

Au bout d'un moment, je me suis rendu compte que je n'avais vraiment pas envie de m'épiler, que ça me faisait mal, que ça me prenait beaucoup de temps et d'argent. Ça a entraîné d'autres questions autour de la réappropriation de mon corps. Maintenant, j'accepte mon corps comme il est, et j'ose arborer mes poils. Au début, ça a été compliqué. Quand on sort, on sait qu'on va être regardée. Après 20 ans d'épilation et de rasage, étant brune, j'ai désormais une pilosité des jambes assez importante. Quand je sors, je sais que je suis susceptible d'être regardée. Ça s'est donc fait vraiment par étapes, à commencer par relever d'un centimètre mon pantalon. Ce sont des petites victoires que l'on acquiert au jour le jour, en étant bien soutenue.

Depuis que j'ai pris cette décision, j'ai intégré un collectif intitulé 'Liberté, pilosité, sororité', qui a vu le jour en juillet dernier. On a fait une enquête sur les normes du glabre auprès de femmes, et on est en train de préparer les résultats. On a aussi fait une première campagne de communication qui s'appelait #premièrefoisépilation, où l'on s'apercevait que les premières fois n'étaient pas liées à des choix propres, mais à des regards et des remarques extérieures assez violentes. Notre collectif est non-mixte, uniquement réservé aux femmes. Les hommes peuvent être sensibles à ce combat, mais je pense que ça les concerne beaucoup moins. Et comme on en parle très peu dans l'espace public, ils ne peuvent pas forcément comprendre. Si notre groupe est non-mixte, c'est aussi pour avoir l'assurance de ne pas être embêtées par des hommes qui pourraient avoir un désir sur le corps des femmes poilues.

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Généralement, le poil est quasiment invisible sur le corps des femmes, tout comme l'acte de l'épilation, car les femmes déploient des techniques de camouflage et de dissimulation. Il faut se demander pourquoi on a un tel diktat, pour accepter au maximum la pilosité féminine, quelle qu'elle soit."

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