dominique sopo 8:20
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Tiffany Fillon , modifié à
Accor, Renault, Air France... Ces entreprises font parties des sept épinglées jeudi pour "présomption de discrimination à l'embauche", après une campagne de testing commandée par le gouvernement. Invité sur Europe 1, Dominique Sopo, président de l'association SOS Racisme, demande plus d'intransigeance de la part du gouvernement en matière de discriminations au travail. 
INTERVIEW

Suite à une vaste enquête menée par la ministère du Travail auprès d'un tiers des plus grandes firmes françaises, sept entreprises cotées en Bourse, parmi lesquelles Air France, Renault ou encore Accor, sont soupçonnées depuis jeudi de discrimination à l'embauche. Au micro de Wendy Bouchard, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, affirme que le gouvernement pourrait aller encore plus loin que cette enquête. 

À la demande d'Emmanuel Macron, une quarantaine d'entreprises ont été soumises à testing, une méthode popularisée avec SOS Racisme, consistant à repérer les discriminations. Ces entreprises n'ont pas été choisies par hasard mais "parce qu'elles faisaient parties des grandes entreprises françaises", explique Dominique Sopo, qui salue cette initiative. "En France, c'était une première que le gouvernement s'empare de cette technique qui permet de révéler le fléau des discriminations raciales à l'embauche", concède-t-il, en assurant qu'elles peuvent "briser des vies". 

 

Malgré cette avancée, Dominique Sopo n'est pas intégralement convaincu. "Ce qu'on demande au gouvernement c'est d'aller beaucoup plus loin", lance-t-il. Selon lui, "l'étude a mis beaucoup de temps à sortir alors qu'elle était prête depuis plusieurs mois". Une attente qui s'explique, d'après lui, par "des tergiversations pour savoir s'il fallait ou non donner les noms des entreprises discriminantes". 

Contraindre les entreprises 

Dominique Sopo pense également que les discriminations, en particulier raciales, sont encore taboues en politique. "Nous sommes dans un pays qui n'a pas vraiment de politique publique de lutte contre les discriminations raciales", regrette Dominique Sopo, pour qui ce sujet "disparaît très fortement de l'agenda publique depuis plusieurs années". Depuis la diffusion des résultats de l'enquête, aucune nouvelle mesure gouvernementale n'a été annoncée pour lutter contre les discriminations. 

 

Pour enrayer ce fléau, Dominique Sopo plaide pour plus de "contrainte" pour que "la discrimination ait un coût" : "par exemple, que les entreprises condamnées pour discrimination raciale soient privées de marchés publics", illustre-t-il.

Le président Dominique Sopo affirme que la réponse du gouvernement n'est pas satisfaisante et participe même à la banalisation du racisme. "Si l'on applique ce que l'on dit à propos discriminations raciales à toutes les autres formes de délinquance, les gens qui viennent pour un vol ou une agression, seraient surpris par leur accueil au commissariat". SOS Racisme cherche, de son côté, une solution pour réduire les attaques racistes. L'association réfléchit notamment à un baromètre pour "pouvoir faire des comparaisons année après année avec une ampleur nationale".