Enquête sur Lafarge en Syrie : l'ex-chef de la diplomatie Laurent Fabius a été entendu comme témoin

Laurent Fabius a affirmé ne pas avoir été informé des activités du cimentier en Syrie. (image d'archive)
Laurent Fabius a affirmé ne pas avoir été informé des activités du cimentier en Syrie. (image d'archive) © Lionel BONAVENTURE / AFP
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avec AFP , modifié à
L'ancien ministre des Affaires étrangères a été entendu comme témoin le 20 juillet au sujet des soupçons de financement terroriste qui visent le cimentier Lafarge en Syrie. 

L'ancien chef de la diplomatie Laurent Fabius a été entendu comme témoin dans l'enquête sur des soupçons de financement du terrorisme visant Lafarge en Syrie et a affirmé ne pas avoir été informé des activités du cimentier, a appris lundi l'AFP de source proche du dossier. 

"Aucun élément d'information". Entendu le 20 juillet comme témoin par les juges d'instruction, le ministre des Affaires étrangères de 2012 à 2016, et actuel président du Conseil constitutionnel, a fait valoir qu'"aucun élément d'information" ne lui était parvenu concernant le maintien en Syrie de Lafarge au prix d'arrangements financiers avec des groupes armés dont l'organisation Etat islamique, selon son audition révélée par Le Monde et qu'a pu consulter l'AFP.

"Si la question est de déterminer si je savais ou non qu'il y avait une usine Lafarge en Syrie, je n'ai pas de souvenir précis", a déclaré le ministre lors de cette audition. "Je n'ai jamais été saisi d'une question concernant Lafarge, je suis catégorique", a-t-il martelé. Depuis plusieurs mois, l'enquête a soulevé des questions sur ce que savaient ou non les autorités au sommet de l'Etat sur les agissements de Lafarge, mise en examen fin juin comme personne morale pour "financement d'une entreprise terroriste" et "complicité de crimes contre l'humanité", des accusations rarissimes pour une entreprise française. 

Lafarge aurait reçu l'aval des autorités. Cette audition était réclamée depuis octobre 2017 par l'ONG Sherpa, partie civile dans cette enquête au vu des interrogations sur le rôle du Quai d'Orsay à l'époque. D'anciens responsables du cimentier ont affirmé que cette volonté de rester coûte que coûte dans le pays en guerre avait reçu l'aval des autorités françaises. "Est-ce à dire qu'en France, un ministre des Affaires étrangères est volontairement tenu dans l'ignorance de questions aussi cruciales que le maintien d'une entreprise française dans un pays en guerre et en proie au terrorisme qui n'aura d'autre choix que de financer Daesh pour maintenir son activité ?" a réagi Me Marie Dosé, avocate de Sherpa.