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Europe 1, avec AFP / Crédits photo : Quentin Top / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Quelque 150 points de blocage des agriculteurs en colère ont été recensés partout dans le pays. Gabriel Attal devrait faire des annonces à la mi-journée, lors d'une conférence de presse, a annoncé Matignon. La colère paysanne atteint désormais Bruxelles, où un millier de tracteurs défilent dans les rues. Suivez l'évolution de la situation en direct.

La mobilisation des agriculteurs en colère ne faiblit pas dans le pays, avec 150 points de blocage sur les routes. Pour y répondre, le Premier ministre Gabriel Attal a donné une conférence de presse ce jeudi midi et a fait de nombreuses annonces. De son côté, la Commission européenne a proposé des mesures sur les importations et sur les jachères pour tenter de calmer la colère, en vain.

Des agriculteurs venus de plusieurs pays européens convergent également vers Bruxelles. Selon la police locale, ce sont près d'un millier de tracteurs qui sont dans les rues de Bruxelles.  Suivez l'évolution de la situation en direct. 

Les informations à retenir : 

  • Gabriel Attal en conférence de presse à la mi-journée
  • Toutes les gardes à vue ont été levées dans le milieu de la matinée
  • Au moins 150 actions d'agriculteurs sont recensées dans le pays
  • La Commission européenne a présenté ses premières concessions face à la colère des agriculteurs européens 
  • Plusieurs centaines de tracteurs sont attendus jeudi à Bruxelles pour une manifestation d'agriculteurs venus de plusieurs pays dans le quartier européen
  • Le président de la FNSEA a salué des "avancées tangibles" après les annonces de Gabriel Attal. De son côté, le leader des Jeunes Agriculteurs a appelé à suspendre les blocages
  • À Bruxelles, Emmanuel Macron a appelé à un "Egalim européen" et s'est félicité que l'accord avec le Mercosur "ne se soit pas conclut à la va-vite"

Les agriculteurs ne suivent pas la FNSEA 

Le président de la FNSEA a appelé à suspendre les blocage suite aux annonces du gouvernement et à la prise de parole d'Emmanuel Macron. Mais sur le terrain, le mot d'ordre a été de maintenir les blocages. Les tracteurs forment toujours un mur sur la A6. Les tentes sont toujours dressées, tout le monde se prépare à passer la nuit ici tant que les annonces de Gabriel Attal n'auront pas été éclaircies : "On attend un écrit qui précise les annonces, on a besoin qu'on nous rassure sur un certain nombre de point", explique Damien Greffin, président de la FNSEA Île-de-France. 

"Des points n'ont pas du tout été abordés, d'autres ont été un peu contradictoire. Tant qu'on n'aura pas cet écrit, on a pris la décision de rester mobilisés et on verra ce qu'on fera quand on sera en possession de ce document". De plus, les annonces faites aujourd'hui ne suffisent tout simplement pas : "Le compte n'y est pas. il faut les agriculteurs puissent se dire : qu'est-ce qui va changer dans mon quotidien ? Qu'est-ce qui va immédiatement faire qu'on va sortir de cette crise ? On a beaucoup de difficultés à entrevoir quoique ce soit. 

Le mot d'ordre de maintenir les blocages devrait être respecté sur tous les grands axes en Île-de-France. 

Le convoi d'agriculteurs parti d'Agen vers Rungis va "redescendre" vers le Sud-Ouest

Le convoi d'agriculteurs parti d'Agen à destination de Rungis et dont une partie a été bloquée par les gendarmes sur les ponts de la Loire va repartir vers le Sud-Ouest, a annoncé jeudi à l'AFP José Perez, co-président de la Coordination rurale 47.

"On va revenir sur Pierrefitte (dans le Loir-et-Cher au sud de la Loire, NDLR) ce soir et après on va redescendre sur le Lot-et-Garonne. On ne va pas se battre tous les jours contre la gendarmerie ou contre qui que ce soit", a déclaré José Perez, en précisant que le convoi était désormais composé de "150 tracteurs et 300 personnes".

Emmanuel Macron veut "aller au bout des engagements"

"Nous devons aller au bout des engagements, j'attends que le gouvernement qu'il travaille à marche forcée. J'attends du gouvernement des décisions concrètes au plus tard au Salon de l'agriculture". Pour le président de la République, "le retour au calme ne doit être un retour à la situation d'avant". 

Le président souhaite "une force de contrôle sanitaire et agricole"

"J’ai demandé à présidente de la Commission qu’il y ait des contrôles homogènes européens. Une règle européenne doit être contrôlée de la même manière dans chaque état membre", a déclaré Emmanuel Macron depuis Bruxelles. Le but est "éviter" la "concurrence déloyale" entre les pays membres de l'Union européenne. 

Macron s'exprime sur le Mercosur

La France s'oppose et continuera de s'opposer à l'accord avec le Mercosur", a déclaré le chef de l'État. Il se félicité que l'accord "ne se soit pas conclut à la va-vite parce qu'on a élevé la voix et parce qu'on a montré les incohérences. "On demande que les règles environnementales que l'on impose à nos agriculteurs soient les mêmes du côté des pays à qui nous ouvrons nos portes". "Je suis contre le libre-échange lorsque c'est la loi de la jungle", précise-t-il.

Emmanuel Macron s'exprime depuis Bruxelles

Le président de la République prend la parole depuis Bruxelles où se tient un sommet européen. Il confirme que les contrôles seraient "intensifiés" afin de veiller au respect de la loi Egalim. Le chef de l'État s'est également dit prêt à "modifier" cette loi si nécessaire. Il a également évoqué l'idée d'un "Egalim européen" pour "s'assurer qu'il n'y a pas un contournement" de nos règles". 

Le coût total des annonces du gouvernement s'élève à 400 millions d'euros

Entre les annonces de Gabriel Attal la semaine dernière à Montastruc-de-Salies, en Haute-Garonne, et celles dévoilées ce jeudi, la facture pour l'exécutif s'élève à 400 millions d'euros. Un tiers de ce montant (300 millions d'euros) est représenté par les annonces du jour. Celles de la semaine dernière comptent pour 25% du total.

L'UE veut "réduire le fardeau administratif", annonce Ursula von der Leyen

La Commission européenne va préparer une proposition pour "réduire le fardeau administratif" pesant sur les agriculteurs, a annoncé jeudi sa présidente Ursula von der Leyen, pour tenter de répondre à la colère du secteur. "Nous allons travailler avec la présidence belge (du Conseil de l'Union europénne, NDLR) sur une proposition que nous allons présenter (...) pour réduire le fardeau administratif" des procédures de la politique agricole commune (PAC), a déclaré la responsable allemande à l'issue d'un sommet européen.

Cette proposition sera "prête à temps" pour la prochaine rencontre des ministres européens de l'Agriculture, a-t-elle promis. Cette réunion est prévue le 26 février à Bruxelles. "Nous devons défendre les intérêts légitimes des agriculteurs, en particulier dans nos négociations commerciales, en garantissant des conditions de concurrence équitables en termes de normes", a également déclaré Ursula von der Leyen.

La Coordination rurale appelle à suspendre les blocages jusqu'au Salon de l'Agriculture

Selon les informations d'Europe 1, Véronique le Floc'h la présidente de la Coordination rurale appelle à suspendre les blocages jusqu'au Salon de l'Agriculture, qui débute le 24 février prochain.

Le président de la FNSEA salue des "avancées tangibles" après les annonces de Gabriel Attal

Le président de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, a salué jeudi "des avancées tangibles" et "l'écoute" du Premier ministre Gabriel Attal "pour essayer de comprendre ce que sont nos enjeux, nous recevoir, échanger, discuter et finalement annoncer en plusieurs salves des mesures d'urgence".

"Dans le même temps, nous nous interrogeons sur la surdité de l'Europe", a-t-il ajouté à l'occasion d'une conférence de presse après l'annonce par le gouvernement de nouvelles mesures en faveur des agriculteurs, évoquant "l'incompréhension grandissante entre une technostructure murée dans ses bureaux à Bruxelles et les réalités de ce que nous vivons dans nos exploitations". Sur les annonces françaises, "il y a aussi des choses qui ne sont pas au rendez vous et qu'il faudra éclairer", a ajouté Arnaud Rousseau.

Le leader des Jeunes Agriculteurs Arnaud Gaillot appelle à suspendre les blocages. "Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), il faut qu'on change de modes d'action et donc nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation", a indiqué le président des JA Arnaud Gaillot, aux cotés du patron de la FNSEA Arnaud Rousseau.

Un millier de tracteurs dans les rues de Bruxelles, avant un sommet de l'UE

La contestation agricole se tend à Bruxelles, où se tient ce jeudi un Conseil des 27.  La tension est montée d'un cran devant le Parlement européen, où une statue d'un monument a été démontée. Des manifestants ont aussi lancé des œufs, des bouteilles de bière et des pétards en direction de la police qui a répliqué avec des gaz lacrymogènes. Jerry et Jérôme, tous deux agriculteurs, n'excluent pas d'autres actions dans la journée. "Je pense qu'il y a des gens qui sont fort motivés parmi les agriculteurs parce que la situation telle qu'elle est à l'heure actuelle est inacceptable. On ne peut plus supporter ça", assure le premier. "Je ne sais pas ce que l'Europe va nous annonce. On peut continuer les blocages, on en est capables", assure le deuxième.

Mais malgré ces légères tensions entre forces de l'ordre et manifestants, il n'y a pas eu d'incidents majeurs. Les agriculteurs veulent surtout être entendus par les responsables européens. "Il ne faut pas se leurrer, le problème de l'agriculture, c'est qu'on vient de passer. On peut nous dire oui, c'est administratif. Mais si les gens gagnent, ils veulent bien faire de l'administratif", reprend l'agriculteur. Pour exprimer leurs revendications, près de 1.300 tracteurs sont dans les rues de Bruxelles. Une rencontre entre syndicats et commissaires européens est attendue jeudi après-midi.

Manifestation sur l'autoroute A8 à hauteur de Fréjus

Sur l'autoroute A8, à hauteur de Fréjus, les agriculteurs occupent les voies dans les deux sens de circulation. Vers l'Italie, tout est bloqué, et de l'autre côté, ils ont installé un barrage filtrant. Et pour garder des forces, ils peuvent compter sur les artisans boulangers varois. "Il y a une bonne partie de la France qui nous soutient. Ca fait toujours plaisir après une nuit un peu rude dans le froid varois. Bien souvent, ce sont des sourires et des applaudissements", apprécie un agriculteur sur place.

Sur le lieu de la mobilisation, beaucoup de klaxons se font entendre en soutien aux mouvements qui devrait se prolonger, annonces ou pas, du président Emmanuel Macron à Bruxelles ce jeudi. "Il y a 40 ans que je n'ai pas dormi dans une voiture. Ca fait mal, mais déterminé. On est là pour quelques jours. Ca va faire dix ans qu'il nous mène en bateau le président, il ne va pas changer aujourd'hui", déplore Didier, viticulteur dans le Haut-Var. Sur place, les agriculteurs présents, des maraîchers, des céréaliers ou des viticulteurs, veulent que ça bouge et que ça avance. "Un éclaircissement au niveau de l'administration, des normes, des retraites, le foncier, faire des successions. C'est très compliqué de parler d'une chose, on veut du concret", réclame André Lanza, président de la FDSEA du Var. 

De nouvelles mesures pour calmer la colère

Lors de sa conférence de presse, Gabriel Attal a annoncé, une enveloppe de 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs, et fait par de sa volonté "d'inscrire la souveraineté alimentaire dans la loi". Mais également de "renforcer la loi Egalim" pour protéger la rémunération des agriculteurs. 

De son côté, Bruno Le Maire a affirmé lors de la même conférence de presse que "toutes les chaînes de supermarchés seront contrôlées" pour veiller au respect de la loi Egalim, "sans exception". En ce qui concerne "l'origine française des produits", le ministre de l'Economie annonce "plus de 10.000 contrôles". >> Notre article détaillé sur la conférence de presse gouvernementale

Quant à Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture a annoncé la "mise en pause" du plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides.

Les gardes à vue des agriculteurs levées 

Les levées de garde à vue des 79 agriculteurs qui ont pénétré sur le marché de Rungis ont été levées, a appris Europe 1. Les investigations se poursuivront dans le cadre préliminaire au commissariat de L’Haÿ-les-Roses, en particulier pour l’exploitation des vidéos visant à identifier les principaux auteurs des dégradations.

Une première intrusion à Rungis

Les agriculteurs maintiennent la pression sur les autoroutes aux abords de Paris, où sept points de blocages étaient actifs mercredi soir, entravant l'accès à la capitale sans toutefois l'empêcher. L'objectif affiché de la Coordination rurale, non suivi par les autres syndicats, d'envahir le marché de Rungis, poumon alimentaire de la région parisienne, s'est esquissé mercredi après-midi : 91 personnes ont été interpellées en fin d'après-midi pour s'être introduites à pied dans l'enceinte du marché de gros, où des "dégradations" ont été commises, selon le préfet de police de Paris.

Les 15 agriculteurs arrêtés ce mercredi ont été libérés dans la soirée. Ce jeudi matin, les forces de l'ordre contrôlaient toujours les entrées du plus grand marché de France. Des véhicules blindés et des camions de CRS empêchent tout passage en force. 

Mais le convoi de tracteurs visant Rungis n'est pas encore arrivé : une partie, bloquée dans le Loiret par les forces de l'ordre, a décidé d'y passer la nuit, un autre groupe s'est arrêté à Étampes en Essonne.

Sur l'A6, les agriculteurs tiennent le blocus à Chilly-Mazarin

Face aux blindés des forces de l'ordre, les agriculteurs tiennent toujours le camp sur l'A6, au niveau de Chilly-Mazarin, dans l'Essonne. Le mot d'ordre sur place : tenir autant de temps qu'il le faudra. 120 tracteurs sont toujours là, sur 1,5 km. Toute la nuit les agriculteurs se relaient, certains font même des nuits blanches. Au milieu des feux de palette, c'est une petite vie qui s'organise : des agriculteurs venus d Dordogne sont arrivés avec une viande de très haute qualité. Viande qui est cuite sur des barbecues géants. 

Si l'ambiance est conviviale de ce côté du blocus, les relations avec les forces de l'ordre commence à se tendre. "Ils nous mettent la pression", confirme au micro d'Europe 1 Philippe, agriculteur en Seine-et-Marne. Alors vont-ils avancer vers Paris ? S'il le faut, s'ils ne sont pas entendus, ils sont prêts. 

Au moins 150 actions dans le pays, Lyon quasi encerclée

Dans le pays, plus de 150 rassemblements - barrages filtrants, blocages ou manifestations - ont été recensés mercredi, notamment autour d'Orange, Nîmes, Arles, Aix-en-Provence, Grenoble ou Nantes. A Lyon, l'encerclement était quasi complet, mis à un part un dernier nœud routier.

"Aujourd'hui, le compte n'y est pas. Ce qui va nous permettre de vivre et de survivre, ce sont nos prix de vente", a dénoncé Laurent Saint-Affre, délégué de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) rencontré à Rodez, au milieu de 400 tracteurs mobilisés dans le centre-ville.

Concessions de la Commission européenne

Les blocages d'agriculteurs ne faiblissent pas jeudi en France, en particulier autour de la capitale où les forces de l'ordre maintiennent la protection du marché de Rungis pendant qu'Emmanuel Macron se rend à Bruxelles où la crise agricole européenne s'invite en marge d'un sommet des Vingt-sept.

Le président français doit s'entretenir avant 10 heures avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au sujet du "futur de l'agriculture européenne", a annoncé l'Élysée, avant ce Sommet européen extraordinaire consacré au budget de l'UE et à l'aide à apporter à l'Ukraine. Les aides dégagées mercredi par le gouvernement français comme les concessions de la Commission européenne - sur les jachères et les importations ukrainiennes - n'ont pas semblé trouver grâce aux yeux de la profession, également mobilisée en Italie, Espagne et Allemagne.