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avec AFP / Crédit photo : JULIEN DE ROSA / AFP , modifié à
Alors que les blocages se poursuivent partout en France, le Premier ministre Gabriel Attal, ainsi que Bruno Le Maire, Marc Fesneau et Christophe Béchu, se sont exprimés ce jeudi midi sur la situation. Plusieurs annonces ont été faites. Voici tout ce qu'il faut en retenir.

La colère ne redescend pas chez les agriculteurs français. Malgré les annonces du Premier ministre la semaine dernière, les cultivateurs ont poursuivi les blocages partout dans le pays, certains prenant même la route vers Paris avec pour objectif : bloquer le marché international de Rungis. En cause : des revenus trop faibles, des normes toujours plus contraignantes et une concurrence jugée déloyale et exacerbée par les traités de libre-échange. 

Face à la poursuite du mouvement, Gabriel Attal, mais aussi Bruno Le Maire, Marc Fesneau et Christophe Béchu, ont de nouveau pris la parole ce jeudi midi. 

Les informations à retenir : 

  • Gabriel Attal veut inscrire "l'objectif de souveraineté dans la loi"
  • Le Premier ministre annonce 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs
  • L'État veut empêcher l'importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride

Gabriel Attal veut inscrire "l'objectif de souveraineté dans la loi"

Gabriel Attal a annoncé jeudi, en réponse à la crise des agriculteurs, qu'il souhaitait "inscrire l'objectif de souveraineté (alimentaire) dans la loi", lors d'une conférence de presse à Matignon après dix jours de mouvement de protestation.

"Nous voulons être souverains, souverains pour cultiver. Souverains pour récolter. Souverains pour nous alimenter", a expliqué le Premier ministre, qui veut livrer un "message clair" avec "deux mots d'ordre pour l'agriculture : produire et protéger".

150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs

"Ma méthode est claire et repose sur trois principes : la réactivité, le dialogue, la transparence", a déclaré Gabriel Attal lors de sa conférence de presse ce jeudi. Après avoir rappelé les mesures annoncées la semaine dernière face à la gronde des agriculteurs, le Premier ministre en a dévoilé de nouvelles. Pour ces nouvelles mesures, "Deux mots d’ordre : produire et protéger notre agriculture".

Pour y arriver, le locataire de Matignon a annoncé près de 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs. Gabriel Attal a également souligné que le gouvernement souhaitait "renforcer la loi Egalim", pour protéger la rémunération des agriculteurs.

"Nous allons renforcer la loi Egalim" pour protéger la rémunération des agriculteurs

"Nous allons renforcer la loi Egalim" pour protéger la rémunération des agriculteurs, a annoncé le Premier ministre Gabriel Attal. "Le revenu de nos agriculteurs, c'est la dignité de nos agriculteurs", a-t-il dit. Les deux premières lois dites Egalim 1 et 2, adoptées en 2018 et en 2021 visaient à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroces entre supermarchés d'une part, et distributeurs et fournisseurs de l'agro-industrie d'autre part.

Une clause de sauvegarde sur un pesticide pour "lutter contre la concurrence déloyale"

La concurrence déloyale, notamment avec l'utilisation de produits phytosanitaires proscrits en France, est également au centre de la conférence de presse de Gabriel Attal. Devant les journalistes, le Premier ministre a annoncé avoir pris "une clause de sauvegarde sur un pesticide, le thiaclopride, que nous avons interdit en Europe".

Cette décision représente selon lui un exemple de "clause de sauvegarde" ou de "mesure miroir" -un mécanisme qui impose aux produits importés de respecter les mêmes règles que celles imposées aux agriculteurs européens-, que la France peut prendre pour éviter "la concurrence déloyale".

Gabriel Attal a également demandé jeudi que la question de la limitation des importations de céréales ukrainiennes dans l'Union européenne soit incluse dans une négociation. "Sur l'Ukraine, je l'ai dit, nous avançons avec la création de clauses de sauvegarde, notamment sur la volaille. Il faudra que nous abordions la question des céréales dans le cadre de la négociation qui s'ouvre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse pour répondre à la crise agricole. L'UE n'a pas inclus les céréales dans les produits "sensibles" sur lesquels les importations peuvent être limitées.

Attal veut une définition "claire" de la viande de synthèse au niveau européen

Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre a assuré vouloir une définition "claire" de la viande de synthèse au niveau européen. "Non, la viande de synthèse ne correspond pas à la conception de notre alimentation à la française", a-t-il expliqué.

Bruno Le Maire annonce "plus de 10.000 contrôles sur l'origine française des produits"

"Toutes les plus grandes chaînes de supermarchés" seront contrôlées dans les prochains jours sur le respect de la loi Egalim qui vise à protéger la rémunération des agriculteurs, a annoncé jeudi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui s'est exprimé juste après son Premier ministre.

Aucun contrat entre distributeurs et industriels, y compris les marques distributeurs, "n'échappera au contrôle de la répression des fraudes", a déclaré le ministre. Par ailleurs, il a annoncé "10.000 contrôles sur l'origine française des produits" avec des sanctions qui pourront "atteindre 10% du chiffre d'affaires des industriels ou des distributeurs qui auraient fraudé".

Des annonces sur la transmission des exploitations

"Les transmissions d'exploitations sont un gage de renouvellement des générations", a déclaré Bruno Le Maire qui ajoute qu'une mission sera lancée, prochainement, pour "lever les freins concrets à la transmission". 

Le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides mis "en pause", annonce Marc Fesneau

Le gouvernement va "mettre en pause" le plan Ecophyto qui doit fixer des objectifs de baisse d'usage des pesticides et cristallise la colère des producteurs de grandes cultures, a annoncé jeudi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. "Nous allons donc remettre sur l'ouvrage le plan Ecophyto, le mettre donc en pause, le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier", a-t-il ajouté. 

Le Premier ministre Gabriel Attal avait dit un peu plus qu'Ecophyto serait "mis à l'arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur", alors que l'indicateur central du plan, le Nodu qui mesure l'usage des molécules par les exploitants, est contesté par des organisations agricoles.

Fesneau annonce des "clauses de sauvegarde"

Le ministre de l'Agriculture a défendu des "clauses de sauvegarde" pour défendre l'agriculture française sur le marché européen. Insistant sur le "devoir de solidarité" avec l'Ukraine, Marc Fesneau a également indiqué que "l'ouverture sans condition a déstabilisé certaines filières". 

Christophe Béchu veut éviter les "contentieux abusifs"

Souhaitant aller plus loin sur la loi Zéro artificialisation nette (ZAN), le ministre de la Transition écologique a dit vouloir éviter "les contentieux abusifs". Les recours juridiques seront limités à deux mois, au lieu de quatre, par décret, prochainement.

Béchu dénonce les attaques "minoritaires" qui "ont visé" des agences de l'Office français de la biodiversité

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a "dénoncé" jeudi les "actes minoritaires (...) qui ont visé de nombreuses implantations de l'Office français de la biodiversité" (OFB), accusé par les agriculteurs d'exercer sur eux une pression excessive. "S'en prendre à ceux qui font respecter les règles ne me semble pas être une manière de faire progresser le débat", a jugé le ministre. 

Attal estime que les mesures annoncées répondent "à une grande partie des attentes"

Les mesures annoncées par le gouvernement jeudi sont "de nature à répondre à une grande partie des attentes" des agriculteurs, a estimé Gabriel Attal qui "ne croit pas une seconde qu'aucun agriculteur se complaît dans des blocages". "On a ouvert une étape majeure aujourd'hui avec des chantiers profonds et une batterie de mesures très importantes et sur beaucoup de chantiers", a-t-il plaidé, en soulignant que "le travail va se poursuivre".