Elle estime que son fils a été placé en foyer abusivement : "J'ai perdu mon fils"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Marion estime que son fils a été placé en foyer de manière abusive. Elle dit avoir récemment réalisé qu’elle n’a pas été écoutée à l’époque. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, elle dénonce les conséquences de ce placement puisqu’aujourd’hui, elle ne voit plus son fils.
TÉMOIGNAGE

Dans les années 2000, le fils de Marion a été placé en foyer. Cette dernière estime avoir été victime d’une décision de placement abusive. Elle considère qu’elle n’a pas été écoutée et pensait être seule dans cette situation à l’époque. Au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, Marion raconte à Olivier Delacroix avoir récemment réalisé que si son fils avait préféré aller en foyer plutôt que de revenir vivre avec elle, c’était pour échapper au harcèlement scolaire dont il était alors victime.

"Des enfants sont placés abusivement à l’ASE (Aide sociale à l’enfance). J’ai 60 ans et j’en ai été victime. À l’époque, je croyais être seule dans cette situation. Grâce aux nouveaux moyens de communication, je m’aperçois que de nombreux parents se trouvent dans cette situation. Mon enfant a été placé dans les années 2000. On a l’impression que c’est un phénomène nouveau, mais ça existe depuis un certain nombre d’années. C’est vraiment très grave, j’ai perdu mon fils à cause de cette procédure. Les conséquences sont énormes.

" Mon fils et moi avons été sanctionnés "

Je n’ai pas su me défendre comme les parents le font maintenant avec des avocats. J’étais naïve, je n’y ai pas pensé. À l’époque, je me suis sentie coupable. C’est seulement maintenant que je réalise combien on m’a entrainée dans une situation catastrophique. Je n’ai pas été entendue, je n’ai pas été respectée. C’est seulement maintenant que j’arrive à me faire entendre, parce qu’avant je n’en parlais pas. Je commence à comprendre que je n’ai pas été respectée.

Je me suis trouvée très isolée par rapport à ce problème, même au niveau de ma famille. Selon eux, s’il y avait eu une intervention de la justice, c’est que j’avais forcément fait quelque chose de répréhensible, j’avais forcément tort. Or, il se trouve que l’origine du problème était un harcèlement scolaire. Ça aussi on n’en parlait pas à l’époque. Les autres enfants et les parents n’ont eu aucun souci. J’estime que mon fils et moi avons été sanctionnés et on s’est perdus.

" Il m’a dit qu’il préférait aller au foyer "

À un moment donné, ces gens ont eu l’idée de le faire se rapprocher de son père qui n’habitait pas dans la même région et qui était remarié. J’étais d’accord. Mon fils a dit qu’il le voulait, je l’ai cru, mais ça s’est très mal passé. Un jour, j’ai reçu un coup de fil de sa part me disant : "Je veux revenir. J’ai le choix entre habiter avec toi ou aller en foyer".  Il m’a dit qu’il préférait aller au foyer. J’étais sidérée. Je lui ai répondu : "Dans ce cas, on n’a plus rien à se dire".

On l’a chargé de me téléphoner pour me dire ça. Je n’ai pas reçu d’appel d’un éducateur. À ce moment-là, je n’ai pas compris qu’il n’avait pas pris cette décision contre moi, mais parce que s’il revenait chez moi le harcèlement allait recommencer puisque les autres étaient toujours là. Je l’ai très mal pris et j’étais en pleine dépression. J’avais été hospitalisée à cause de ce harcèlement. Ça a été terrible. Ma façade et ma voiture ont été abîmées. Le maire avait fait mettre ma maison sous surveillance, mais les auteurs n’ont pas été jugés.

Je ne vois plus du tout mon fils. Je sais qu’il a fait la formation qu’il souhaitait faire et vers laquelle j’avais déjà commencé à l’orienter. Je ne suis pas sûre que ces décisions de justice étaient au point. Il a toujours vécu ensuite dans des squats. Il a même été en procès pour avoir volé des marchandises jetées dans les poubelles d’une grande surface. On voit combien cela peut être grave de ne pas écouter les parents. Sous prétexte de protéger l’enfant, on détruit tout le monde."