Une nouvelle campagne contre les fessées est lancée, en attendant la loi : "C'est une cause majeure"

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Virginie Salmen, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Une nouvelle campagne contre les violences éducatives est lancée cette semaine, alors que la promulgation de la loi patine au Sénat.
REPORTAGE

Des affiches colorées avec des dessins enfantins représentant un bonnet d'âne, un martinet, puis un cœur. Voilà à quoi ressemble la nouvelle campagne contre les fessées, humiliations et autres violences éducatives ordinaires lancée cette semaine pour lutter contre les troubles du développement chez l'adulte.

A cette occasion, notre reporter s'est rendue dans un cabinet médical de Romainville, en région parisienne, pour prendre le pouls des parents et des médecins. Selon l’Observatoire de la violence éducative ordinaire, 85% des Français ont déjà donné une claque ou une fessée à leurs enfants.

"Ce n'est pas avec la tendresse, des câlins ou des bisous que je vais lui faire comprendre qu'il y a du danger sur la route"

"Quand mon fils sort de chez moi, il traverse la rue sans regarder", témoigne Amir au micro d'Europe 1. "Ce n'est pas avec la tendresse, des câlins ou des bisous que je vais lui faire comprendre qu'il y a du danger sur la route", avance le père de 23 ans, pour qui la violence fait partie de l'éducation. "Si je lui mets une fessée et que je lui dis de regarder avant de traverser, il va peut-être comprendre. Moi, quand j'étais enfant et que je recevais une fessée, je ne refaisais pas la même bêtise". Assise aussi dans la salle d'attente, Mireille, mère d'une petite fille de deux ans, a une tout autre vision de l'éducation : "Je ne tape pas, je lève le ton, mais je ne tape pas". 

Mais le plus inquiétant est peut-être qu'aucun des patients interrogés par notre reporter ne sait qu'une loi contre les violences éducatives ordinaires est en cours d'examen, en partie parce que le sujet n'est pas évoqué en consultation. "C'est vrai que j'en parle assez peu avec les patients", confirme le médecin, Anne-Sophie Pimpaud. "On n'est pas formé à ça et on a besoin de ce genre de campagne pour prendre l'habitude d'en parler".

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"On attend avec impatience qu'Adrien Taquet puisse imposer à l'agenda su Sénat la cause des enfants, c'est une cause majeure"

Censurée une première fois par le Conseil constitutionnel en 2017 pour des raisons de forme, la loi a été votée à l'unanimité - moins une voix - le 29 novembre dernier, la loi interdisant la fessée et tous les châtiments et punitions corporels est en réalité bloquée entre l'Assemblée nationale et le Sénat. Pis, elle ne figure même pas à l'agenda de ce dernier. "C'est incompréhensible parce qu'on sait qu'il n'y a pas d'opposition au Sénat", se lamente le docteur Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes contre les violences faites aux enfants. "Cette loi pourrait être votée très rapidement", affirme-t-il au micro d'Europe 1. "On ne comprend pas et on attend avec impatience qu'Adrien Taquet [secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, ndlr] puisse imposer à l'agenda su Sénat la cause des enfants, c'est une cause majeure".

"J'attends que l'on ait au moins un groupe qui reprenne cette loi et qu'elle soit à l'agenda, peu importe que cela soit dans deux ou trois mois, mais au moins qu'on le sache !", plaide-t-il. "Parce que depuis novembre, donc six mois, rien n'est venu". En Europe, 23 pays ont légiféré contre les violences éducatives. Un chiffre qui grimpe à 53 dans le monde.