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Nicolas Beytout
Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, la grève d'une dizaine d'organisations syndicales et de jeunesse, le 5 décembre prochain, va souffrir de l'absence de la CFDT
EDITO

Une nouvelle grève est prévue le 5 décembre prochain. Une dizaine d'organisations syndicales, dont la CGT et FO et quatre organisations de jeunesse ont appelé, mercredi, à une journée de grève le 5 décembre. "Un aveu de faiblesse" des syndicats estime notre éditorialiste, Nicolas Beytout.

"C'est ce qu’on appelle dans le jargon syndical une grève "interprofessionnelle", à ne pas confondre avec la grève "générale" qui est l’arme ultime dans la gradation des menaces : celle où l’on met tout le pays à l’arrêt. Il n’empêche, le 5 décembre risque bien d’être une journée difficile : 4 syndicats, dont la CGT et FO, 4 organisations de jeunes dont l’UNEF, vont se joindre à la grève déjà programmée par la RATP et la SNCF. C’est une sérieuse menace. Enfin, en apparence.

En apparence ? Ce n’est finalement pas si inquiétant que cela ?

Effectivement. Je pense même que cet appel à la grève du 5 décembre est un aveu de faiblesse. Pour deux raisons. La première, c’est qu’il manque un allié de poids, dans cette intersyndicale. Il manque tout simplement celui qui est devenu le premier syndicat du pays : la CFDT, qui ne se joindra pas à la grève. La CFDT soutient la réforme dans son principe, et en particulier le fait de mettre en place ce qu’on appelle un système à points qui permet à chacun d’obtenir les mêmes droits pour chaque euro cotisé.

Cela signifie que les syndicats peuvent d’ores et déjà dire adieu à l’unité d’action. Lors de la dernière grande réforme des retraites, celle de Sarkozy-Fillon en 2010, tous les syndicats s’étaient mobilisés. Il y avait eu 10 grandes manifs de suite à plus d’un million de participants dès le début, selon les syndicats. Cette année, les premiers défilés ont rassemblé 15.000 manifestants FO et 150.000 CGT. On est loin des scores d’il y a 9 ans, lesquels n’avaient d’ailleurs, il faut le rappeler, pas fait céder le gouvernement.

Vous disiez qu’il y a 2 raisons de relativiser la menace des syndicats…

Oui, la deuxième, c’est qu’ils ont choisi de se raccrocher à la grève déjà planifiée de la RATP et de la SNCF. Ils vont s’en servir comme d’un levier qui amplifiera leur action et qui brouillera la perception réelle de cette journée. D’ailleurs, l’intersyndicale, la CGT et FO en particulier, se limitera à une journée d’action alors que la RATP promet, elle, une grève illimitée. Elle est là, la vraie menace pour le gouvernement, pas tellement dans la journée du 5 décembre mais plutôt dans les suivantes. Au fond, c’est une nouvelle fois un problème de régimes spéciaux.

Et c’est probablement pour désamorcer cela que le gouvernement donne des signes d’ouverture. Avec un risque, bien sûr : que cette réforme faite au nom de l’égalité se transforme une fois de plus en un marché de dupes pour les salariés du régime général."